Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voici ce que dit Schaller à ce propos : « La science de la nature peut se vanter de posséder un savoir exact, quand elle se contente, en observant les phénomènes, d’en trouver les lois et de formuler les relations quantitatives, renfermées immédiatement dans les lois ainsi trouvées. Naturellement chacun est libre de se contenter de ce savoir exact ; mais, en faisant cela, il s’abstient nécessairement de répondre à toutes les questions dont la philosophie s’est occupée de tout temps (45). » Eh bien ! de quelles façons contradictoires la philosophie a répondu aux questions dont elle s’est toujours occupée, voilà ce que l’on connaît suffisamment. Quant à l’accord qui, par contre, règne dans les sciences de la nature, il ne provient pas de ce que ces sciences se bornent à un terrain où tout se comprend de soi-même, mais de l’emploi d’une méthode dont les doctrines aussi ingénieusement développées que conformes à la nature ne se sont révélées à l’humanité qu’après de longs efforts, et dont oh ne connaît pas les limites d’application. Or le point principal des nombreuses précautions prises par cette méthode est la neutralisation de l’influence de la subjectivité chez le savant. C’est à la nature subjective de l’individu que chaque fois la spéculation doit la forme qui lui est donnée. Ici encore nous devons admettre que, dans l’organisation pareille de tous les hommes et dans le développement commun de l’humanité, se trouve une cause objective des phénomènes isolés, à peu près comme dans l’architecture, dans la musique de différents peuples séparés les uns des autres, se manifestent des traits fondamentaux pareils entre eux. Quiconque, saisi de ce désir secret de construire inhérent à l’humanité, voudra se contenter d’élever un temple d’idées, qui ne contredise pas trop l’état actuel des sciences positives, mais qui sera renversé par chaque progrès obtenu méthodiquement ou sera démoli de fond en comble par tout constructeur futur pour être rebâti dans un style entièrement différent, celui-là pourra bien se vanter d’a-