Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/516

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listes, ce sont les mœurs des croyants qui scandalisent le plus. La statistique nous apprend, il est vrai, que toutes choses égales d’ailleurs, on trouve dans les pays protestants d’Allemagne plus de tromperies ; dans les pays catholiques, plus de violences contre les personnes ; mais tous ces faits ne permettent pas de juger ce qui se passe au fond des cœurs ; car, si l’on y regarde de près, on verra que le nombre plus grand des tromperies correspond à un nombre plus grand de transactions commerciales ; quant aux violences plus nombreuses contre les personnes, elles ne proviennent pas de la croyance à l’Immaculée conception, mais du manque d’éducation, lequel est en rapport avec la pression du régime clérical et la pauvreté qui en résulte. Il est difficile en général de tirer des conclusions de nombres pris dans des statistiques morales, c’est ce que nous avons vu plus haut ; nous nous abstenons donc ici de la critique spéciale de quelques points intéressants, d’autant plus que le résultat final serait négatif pour la question qui nous occupe. Il est certain que la théorie cléricale (Pfaffenlehre) de la dépravation morale de tous les incrédules n’est point confirmée par l’expérience et que l’on est tout aussi peu en état de démontrer les dangers moraux de la foi. Si nous jetons un coup d’œil sur l’histoire universelle, il est incontestable que nous devons attribuer en grande partie à l’action lente mais continue des idées chrétiennes nos progrès non-seulement moraux mais encore intellectuels, et que pourtant ces idées ne peuvent développer toute leur activité qu’en brisant la forme ecclésiastique et dogmatique, dans laquelle elles étaient renfermées comme la semence d’un arbre dans sa rude enveloppe.

Cette influence avantageuse du christianisme à son revers de médaille précisément dans les doctrines et les institutions par lesquelles une domination durable et absolue des dogmes et de l’Église devait être fondée dans les cœurs. Avant tout, c’est la doctrine, introduite de bonne heure