Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/570

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Suit une ingénieuse discussion sur l’habitabilité des autres corps célestes. Strauss aurait du peut-être circonscrire plus étroitement ses limites d’après les conditions de la nature qui nous sont connues cependant ici encore nous n’avons pas d’erreurs importantes à signaler. Il s’attache rigoureusement aux opinions admises aujourd’hui par les savants spéciaux, et décrit rapidement les époques de formation de la terre pour insister davantage sur la naissance et le développement des êtres organiques, y compris l’homme. Ici Strauss suit partout les idées de Darwin et des darwiniens les plus importants de l’Allemagne, et, lorsqu’il se trouve en face de plusieurs voies, il choisit presque toujours, avec un tact sûr, la plus vraisemblable et la plus naturelle. Tout ce chapitre produit l’impression d’une étude sérieuse et intelligente de ces questions ; le lecteur n’y trouve que le résultat final, légèrement et finement esquissé, de recherches consciencieuses et approfondies. Aussi, nulle part la polémique de ses nombreux adversaires ne produit-elle moins d’impression que là où ils s’efforcent de démontrer que Strauss s’est trompé de toutes façons dans les sciences de la nature, et que son darwinisme n’est que l’acceptation irréfléchie de dogmes scientifiques. Adversaires théologiens et philosophes recueillent dans la polémique des naturalistes des matériaux de l’espèce la plus suspecte, pour pouvoir en accabler Strauss, tandis qu’il est aisé à tout juge compétent de se convaincre que Strauss a très-bien connu toutes ces objections, mais que, appréciant avec justesse son but et l’espace qu’il pouvait consacrer à ces objections, il ne crut pas devoir les citer ni les réfuter.

Encore que dans presque tous les détails Strauss ait raison contre ses adversaires, ce n’est pourtant que le matérialisme correct qu’il expose, et toutes les faiblesses et les insuffisances de cette conception de l’univers l’atteignent aussi bien que le matérialisme moderne en général. Nous en trouverons encore des preuves plus loin. Occupons-