Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/583

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genre dans la connaissance est en même temps la loi de tout échange d’idées. Elle est plus encore elle est l’unique chemin par lequel on arrive à maîtriser la nature et ses forces.

Mais l’action transformatrice de la synthèse psychique a beau descendre jusque dans nos représentations les plus élémentaires des choses, d’un objet, nous n’en avons pas moins la conviction que ces représentations et le monde qui en provient ont un substratum qui n’émane pas de nous. Cette conviction repose essentiellement sur ce que nous découvrons entre les choses, non-seulement une connexion qui pourrait bien être le plan, d’après lequel nous les avons conçues, mais encore un concours qui va son chemin, sans se préoccuper de notre pensée, nous saisit nous-mêmes et nous soumet à ses lois. Cet élément étranger, ce « non-moi » ne redevient l’ « objet » de notre pensée que parce qu’il est saisi par chaque individu dans les formes générales et nécessaires de connaissance du genre mais ce n’est pas une raison pour croire qu’il ne se compose que de ces formes de connaissance. Nous avons devant nous, dans les lois de la nature, non-seulement les lois de notre connaissance, mais encore des preuves d’une autre chose, d’une puissance qui tantôt nous subjugue, tantôt se laisse maîtriser par nous. Dans nos rapports avec cette puissance, nous sommes exclusivement réduits à l’expérience et à notre réalité, et jamais spéculation n’a trouvé les moyens de pénétrer dans le monde des choses par la magie de la simple pensée.

Mais la méthode, qui nous conduit tout à la fois à la connaissance et à la domination de la nature, ne demande rien moins que la destruction incessante des formes synthétiques, sous lesquelles le monde nous apparaît, afin d’éliminer tout ce qui est subjectif. La nouvelle connaissance, mieux appropriée aux faits, ne pouvait, il est vrai, acquérir une forme et de la stabilité que par la voie de la synthèse ; la