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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/679

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ou non, appliquer aussi aux êtres vivants la loi de la conservation de la force.

Sans doute il y a assez de matérialistes débonnaires qui ne se sont encore jamais fait une idée bien claire de cette logique et qui, en face d’un exemple tel que le nôtre, ne répugnent aucunement à se réfugier derrière les mots de « contenu » et de « signification » ; mais ce sont précisément des gens qui n’ont jamais rien appris de sérieux. D’un autre côté, il y a aussi des penseurs graves, des intelligences perspicaces qui reculent devant cette extrémité et se laissent dérouter par l’application à l’homme de la loi de la conservation de la force. Une populaire « réfutation du matérialisme » pourrait donc spécieusement s’appuyer sur notre exemple et argumenter à peu près en ces termes : « Si la conception mécanique de l’univers est exacte, tout l’effet qui suit doit provenir des ondulations lumineuses pénétrant dans l’œil, de concert avec les forces de tension qui existent déjà dans le cerveau. Or, cela est incroyable, donc, etc. » — Mais en réalité la chose n’est pas aussi incroyable, si l’on tient compte des éléments de la psychologie physiologique. En général, nous avons devant les yeux non seulement des « ondulations lumineuses », mais encore des formes déterminées et des combinaisons de lettres de l’alphabet. La série de ces impressions, dans l’acte de la lecture, agit directement sur l’organe du langage en partie par le nerf optique, en partie par le centre de mouvement des muscles de l’œil, à l’aide des fibres du système d’association. C’est alors que sont émis des mots d’une importante « signification ». Qu’est-ce que cela veut dire, physiologiquement parlant ? Tout simplement qu’un groupe de cellules et de nerfs est excité, lequel possède des conduits infiniment nombreux et forts, qui aboutissent à d’autres régions de l’écorce cérébrale. Un processus très-vif de l’ « association » des représentations se manifeste en tous sens et met le cerveau entier dans un état de vive excitation, tandis que des mots « sans signification », c’est-à-dire des mots qui n’ont que des communications faibles ou pas du tout de communications anciennes et vigoureuses avec d’autres parties du cerveau, ne pourraient en faire autant. L’effet du bond en sursaut, etc., se produit ensuite au moyen du mécanisme « téléologique » connu, qui déjà joue son rôle dans la grenouille décapitée.

Naturellement nous ne donnons pas ici une « explication » du fait physique, mais seulement l’indication de la possibilité d’une explication pour ceux des lecteurs qui, comme Seydel, pourraient trouver « évidente » que la chose se passe différemment. Le fondement réel du principe de la conservation de la force est, d’après notre théorie logiquement construite d’un bout à l’autre, sa nature axiomatique comme principe de