Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de prévision et par conséquent à tout déterminisme. En physique, comme en démographie, des lois de moyennes d'autant plus précises qu'elles concerneraient un nombre plus grand de cas individuels, recouvriraient une indétermination fondamentale de chaque cas particulier. Il convient d'attendre, pour se prononcer sur un si grave sujet, et de faire confiance, ici encore, à la réflexion critique sur la signification exacte des mots et des idées. La recherche d'un déterminisme est à tel point le mobile essentiel de tout effort de construction scientifique, qu'on doit se demander, lorsque la nature laisse une question sans réponse, s'il n'y a pas lieu de considérer la question comme mal posée et d'abandonner la représentation qui l'a provoquée."

Langevin étudie ensuite les oppositions entre rayonnement et matière et entre continu et discontinu. Comme ces idées se trouveront exprimées dans des conférences ultérieures, nous nanti contenterons de donner la conclusion relative la mécanique ondulatoire dont Louis de Broglie venait de poser les fondements.

Cette correspondance, au premier aspect un peu mystérieuse, entre les produits de notre cerveau et les phénomènes naturels, lui paraissait, comme à beaucoup de rationalistes, un motif de plus pour avoir confiance en la raison de l'homme et en sa capacité d'expliquer l'univers. Engels a donné l'explication matérialiste dialectique de cette correspondance indéniable, en faisant remarquer ("Anti-Dühring", Éditions Sociales, Paris, 1950, p. 71) que la mathématique, issue des besoins des hommes, peut ensuite être opposée au monde réel comme quelque chose d'autonome, et il ajoute : « C'est ainsi et non autrement que la mathématique pure est, après coup, appliquée au monde, bien qu'elle en soit précisément tirée et ne représente qu'une partie des formes qui le composent — ce qui est la seule raison pour laquelle elle est applicable. »