Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/276

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A la même époque, le sort des marins de la mer Noire qui avaient refusé de combattre — dans une guerre d'ailleurs illégale — la jeune révolution soviétique et qui avaient encouru, pour cet acte courageux, les plus lourdes condamnations, soulevait l'indignation de tous les milieux progressistes. Dans sa campagne pour l'amnistie, l'Humanité s'adressa aux intellectuels. Paul Langevin lui envoya aussitôt la belle réponse suivante :


Lettre à L'Humanité en faveur de l'amnistie (6 décembre 1920)


"Je regrette qu'il faille affirmer publiquement que la plus large amnistie est juste et nécessaire à la paix intérieure. Déjà trop longtemps différée, elle s'impose aujourd'hui d'autant plus que les oppositions les plus violentes ont pris un caractère politique. Il serait sage, dans l'intérêt de tous, d'en finir avec cette question et de ne pas la laisser s'envenimer davantage. Le cas d'André Marty a pris une importance particulière. Le passé de cet homme est le plus sûr garant qu'il n'a pu commettre aucun crime justifiant la mesure exceptionnelle dont il a été l'objet parmi tous ceux qui furent victimes de la déplorable expédition de la mer Noire. Sans le connaître personnellement, ce que je sais de lui m'oblige à croire que ses actes ont été déterminés exclusivement par une conception élevée de son devoir civique. Pourquoi l'opinion n'est-elle pas encore éclairée par la publication intégrale des pièces de son procès ? Aucune raison de droit ou d'autorité ne peut s'imposer à ce qu'une saine lumière vienne faire disparaître cette cause d'irritation publique. Quelques mois plus tard, après avoir étudié avec un soin scrupuleux tous les documents du. procès, Paul Langevin acceptait de présider, salle Wagram, le meeting pour la libération d'André Marty. Il devait y retrouver, entre autres, Ferdinand Buisson, président de la