Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/300

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la situation dans laquelle se trouvent actuellement les sociétés humaines, les causes profondes de la crise qu'elles traversent. L'ensemble de nos institutions, ce qui constitue la justice sous toutes ses formes, individuelle, sociale ou internationale, évolue lentement et s'adapte avec peine aux conditions sans cesse changeantes de la vie et en particulier au bouleversement récemment introduit par la science dans les moyens d'action dont disposent les hommes pour produire, pour construire et pour détruire. Plus que jamais dans l'histoire humaine on peut dire que la science est en avance sur la Justice dans tous les domaines, aussi bien en ce qui concerne les relations des individus entre eux que des individus avec le groupe ou des groupes entre eux. La science pose constamment à la justice de nouveaux problèmes que celle-ci, lente dans ses démarches, ne sait pas ou ne peut pas résoudre assez vite contre des intérêts coalisés et opposés à l'intérêt général. Ne pouvant arrêter la science, il nous faut promouvoir la justice, réaliser l'adaptation nécessaire de cette chose vivante comme la raison elle-même. De cette nécessité, l'intellectuel plus que tout autre a le devoir de ne pas se désintéresser. Nombreux sont ceux qui commencent à comprendre que la science, sous toutes ses formes, doit tendre la main à la justice pour l'aider à franchir les obstacles qui les séparent. La communion de tous, manuels et intellectuels dans la célébration de la fête du travail est le symbole de cette action nécessaire."


DEFENSE DE LA PAIX ET DE LA LIBERTE


Article publié par Clarté, n° 23, juillet 1938.