Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/342

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Du politique au philosophique, du concret à l'abstrait, je ne connais pas de mot ayant un sens plus riche et plus varié que celui de liberté, pas de notion ayant donné lieu à plus (le controverses, ayant plus évolué au cours des siècles. Liberté d'action, d'opinion, d'expression, autant d'aspects divers et de conquêtes non encore terminées sur un terrain où s'opposent tant d'intérêts individuels ou collectifs et où l'humanité s'efforce de trouver une synthèse harmonieuse, favorable au développement de la vie. Depuis les sociétés primitives où l'individu, étroitement lié au groupe, n'était libre, au sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot, ni à aucun moment de sa vie, ni dans aucun de ses actes ou de ses pensées, de cette situation vers laquelle voudrait nous ramener la régression fasciste, à travers une série de crises dont la plus récente n'est pas la moins tragique ni la moins douloureuse, s'est progressivement dégagée la notion de la personne humaine et de ses droits. Entre l'esclavage antique, dont il subsiste encore des traces dans le monde et où l'homme pouvait être la propriété de l'homme, à la lutte actuelle contre l'exploitation de l'homme par l'homme, se sont placées, pour ne parler que de notre pays, toute une série de conquêtes : abolition du servage et déclaration des droits de l'homme par notre grande Révolution, liberté de la presse en 1830, suffrage universel en 1848, libertés syndicales et sociales sous la Troisième République.