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LA PENSÉE ET L’ACTION

nément suivant cette forme, ce rythme qui leur est propre en prenant pour substance de l’édifice qu’elles construisent les faits déjà connus, mais épars, puis ceux qu’elles conduisent à découvrir, et enfin ceux déjà constitués en synthèse sous forme de théories différentes que la nouvelle absorbe après être entrée en conflit avec elles.

De même que le travail de construction des êtres vivants est facilité par les synthèses organiques déjà réalisées dans les autres êtres dont ils s’alimentent, la théorie nouvelle conserve et utilise plus ou moins complètement les groupements de faits déjà constitués par les théories dont elle a triomphé.

Nous assistons en ce moment à un conflit de ce genre entre deux conceptions du monde particulièrement importantes et belles : la Mécanique rationnelle de Galilée et de Newton d’une part et d’autre part la théorie électromagnétique sous la forme adulte que lui ont donnée Maxwell, Hertz et Lorentz.

La Mécanique rationnelle fut créée pour l’interprétation des phénomènes du mouvement visible et elle y réussit de manière admirable. Tout l’effort scientifique du xviiie siècle et d’une grande partie du xixe fut consacré à étendre cette puissance d’explication à l’ensemble des phénomènes physiques en appliquant ces mêmes lois aux mouvements invisibles de particules matérielles ou de fluides variés.

Ainsi se développa la doctrine connue sous le nom de mécanisme, par fusion de la Mécanique rationnelle et des hypothèses atomistiques. Le