Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/203

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avec les autres. Il est probable même que la plupart de ces lois ne pourront pas s’exprimer dans le langage du calcul différentiel et intégral, créé pour traduire analytiquement la notion de continuité. Cet admirable instrument ne convient qu’à l’étude des systèmes accessibles à nos sens et qui sont en général composés d’un nombre énorme d’éléments. Les grandeurs qu’atteignent nos moyens de mesure intéressent d’ordinaire tant d’éléments à la fois par somme ou par moyenne des grandeurs individuelles, que nous pouvons, sans erreur sensible, les traiter comme continues. Mais les propriétés de pareils ensembles sont nécessairement déterminées par les lois élémentaires sous-jacentes et nous ne pouvons espérer comprendre l’aspect superficiel des choses qu’à condition de le raccorder avec l’aspect profond que l’expérience vient de nous révéler. C’est la tâche qui s’impose actuellement à nous : établir la liaison entre le fond et la surface, entre les propriétés du grain et celles de l’agrégat, pour expliquer les faits d’ensemble quand les lois élémentaires sont connues ou plus souvent encore pour essayer d’atteindre ces dernières à partir des échos lointains qui seuls nous sont perceptibles. Nous ne pouvons éluder cette nécessité : l’existence des éléments est certaine, un monde nouveau nous est révélé dont les lois dominent toute la Physique. Nous devons tenter de remonter jusqu’à elles et pouvons espérer les trouver plus simples que leurs conséquences lointaines, que les résultats moyens ou statistiques auxquels nous sommes habitués.