Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/208

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s’arrête sur la rouge ou la noire et que la pièce lancée retombe pile ou face. Ces postulats jouent ici exactement le même rôle que nos hypothèses, placées à la base des théories physiques, et dont nous essayons, par une analyse aussi rigoureuse que possible, de déduire des conséquences dont la comparaison avec l’expérience nous permettra de savoir si ces hypothèses sont justifiées ou non, si nous pouvons continuer à nous en servir pour édifier notre représentation du monde. De même la comparaison avec les faits des lois de grands nombres liées rigoureusement à nos postulats nous permettra de savoir si ceux-ci sont exacts, si la roulette n’est pas truquée ou la pièce plombée d’un côté. Tout raisonnement de probabilités est destiné à permettre la confrontation des postulats avec les faits, comme nos théories physiques permettent la confrontation des hypothèses avec l’expérience. Dans un cas comme dans l’autre, la rigueur n’existe qu’entre les postulats ou hypothèses et les lois qui s’en déduisent. L’accord des lois prévues avec les faits ne se produit pas nécessairement et la comparaison seule nous permet de’décider dans quelle mesure nos points de départ peuvent être conservés. On fait de la Physique en déduisant d’une expérience de pile ou face dans laquelle les coups pile prédominent de manière exagérée, que la pièce est dissymétrique et doit avoir été plombée du côté face. Il vaudra mieux même, comme en Physique, recommencer plusieurs fois l’expérience si l’on veut pouvoir remonter des faits aux causes avec quelque sécurité. Et tout se