Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/454

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mais elle justifie aussi bien la tendance opposée, qui semble aujourd’hui infiniment plus féconde, de faire descendre la mécanique au rang des conséquences et de mettre au premier rang l’électromagnétique jointe à l’atomistique.

Je laisse encore la parole à M. Mach, non suspect de partialité contre la mécanique et qui écrivait longtemps avant qu’il fût question des tendances actuelles : "L’opinion qui fait de la mécanique la base fondamentale de toutes les autres branches de la physique, et suivant laquelle tous les phénomènes physiques doivent recevoir une explication mécanique, est selon nous un préjugé. La con-naissance la plus ancienne au point de vue historique ne doit pas nécessairement rester la base de la compréhension des faits découverts plus tard. Dans la mesure où un plus grand nombre de phénomènes sont connus et catégorisés, des conceptions directrices nouvelles doivent surgir et s’instaurer. Il nous est aujourd’hui encore impossible de savoir quels sont les phénomènes physiques qui pénètrent le plus au fond des choses, et de savoir si le phénomène mécanique n’est pas précisément le plus superficiel de tous". L’opinion dont parle M. Mach est encore tellement répandue qu’on dissimule entièrement d’ordinaire le caractère provisoire de la construction mécanique et que l’enseigne-ment ne s’en est jamais défié. On l’expose toujours en France de manière dogmatique, sans remonter suffisamment à son origine expérimentale, sans se soucier des obscurités