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QUARANTE ET UNIÈME LECTURE.

parure, le beurre est son nez, la cuiller son boutoir, les airs du Sâma son grognement : grand, terrible, vénérable, il est la loi et la vérité même ; les saintes pratiques[1] sont sa démarche et son pas ; les œuvres de pénitence ses ongles, les victimes[2] ses genoux, l’holocauste son pénis ; les plantes employées dans les sacrifices sont les autres organes de la génération ; le souffle des instruments est son âme, les prières sont ses reins, le soma son sang, le védi[3] ses épaules : il a pour odeur celle du beurre clarifié ; sa force est celle du havya et du cavya[4] ; le prâgvansa[5] est son corps, lumineux et orné de mille cérémonies ; les donations pieuses forment son cœur ; occupé des exercices de l’yoga, il est le grand sacrifice personnifié : la lecture des Vèdes est l’opiat qui embellit ses lèvres[6] ; les tourbillons du feu l’entourent comme un vêtement ; les vers des livres sacrés[7] sont une jonchée que foulent ses pas, et les mystérieux Oupanichats[8] forment ses aliments ordinaires. Il s’élance avec la majesté du dieu qui occupe le sommet du Mérou et qui s’avance accompagné de son épouse Tchhâyâ[9]. La terre, entourée de mers,

  1. Ce passage m’a embarrassé ; il contient cet hémistiche : क्रमविक्रमसत्क्रिय: vicramasatcriyah. Je trouve dans Wilson que crama est un précepte divin, ou une pratique prescrite par les Vèdes. M. Colebrooke nous avertit que crama est une des petites divisions des Vèdes. Mais cette expression signifie aussi force, pouvoir, ainsi que vicrama. Il m’a semblé que ces deux mots devaient avoir entre eux un rapport et non une opposition de signification ; que par conséquent je ne pouvais pas traduire le pouvoir des cramas ; que je devais aussi rejeter un sens éloigné, tel que force et pouvoir, et prendre le sens propre qui indique marche et mouvement.
  2. C’est le mot पशु pasou (pecus) que j’ai rendu par victime. Il désigne en général un être vivant, et en particulier une chèvre. Ce mot signifie aussi sacrifice, offrande.
  3. Le védi, comme nous l’avons déjà dit, est le terrain sur lequel on sacrifie. Voyez note 18, et lect. xxxiii, note 5.
  4. Nous avons dit, p. 179, que le havya est le sacrifice en l’honneur des dieux, et le cavya le sacrifice en l’honneur des mânes.
  5. Le prâgvansa (voyez note 14) est une pièce située vis-à-vis de la salle qui contient les ustensiles du sacrifice ; c’est là que s’assemblent la famille et les amis de la personne par qui le sacrifice est offert.
  6. Cet opiat porte le nom de routchaca, et plus communément de rotchanâ ou gorotchanâ. C’est une substance jaune et brillante, préparée avec l’urine de la vache ou avec des matières que cet animal a vomies. Elle sert à marquer sur le front des dévots les signes de secte, appelés tilacas. On l’emploie aussi dans la peinture, la teinture et la médecine.
  7. छन्दस् tchhandas.
  8. Ce sont des traités sur la théologie des Vèdes ; quelques-uns de ces traités, traduits en persan, ont été reproduits en latin par Anquetil Duperron, et forment l’ouvrage connu sous le nom d’Oupnék’hat.
  9. Voyez la lecture ixe.