Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/204

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diens de la terre[1], le soleil, la lune, le feu, les Dévas, les Saptarchis, le glorieux Tryambaca[2], l’air, les mers et les montagnes, sont tous renfermés dans son corps, avec le puissant Sanatcoumâra et le grand Manou, divins fondateurs de la race humaine. L’ancien des dieux travaillait ainsi à la reproduction des mondes[3], et brillait comme le feu le plus éclatant. Toute la nature, animée et inanimée, avait péri ; les dieux, les Asouras, les hommes, les serpents, les Râkchasas n’existaient plus. S’élevant du milieu de la mer, deux Dânavas, Madhou et Kêtabha, fiers de leur force et de leur courage, demandaient le combat. Ils succombèrent sous les coups de ce dieu puissant, qui daigna les consoler en leur accordant la faveur de revivre un jour.

Celui sur l’ombilic duquel s’éleva un lotus[4], dormait au milieu des flots de la mer. De ce lotus naquirent les dieux, et les divers ordres de Richis. Dans le Pourâna qui célèbre la gloire de ce dieu, cette manifestation porte le nom de Pôchcara[5].

Vient ensuite l’apparition de Vichnou, le premier des Souras, sous la forme d’un sanglier, être mystique qui a pour face l’écriture sainte, pour pieds les Vèdes, pour défenses les poteaux du sacrifice, pour bras les sacrifices mêmes, pour bouche le bûcher sacré, pour langue le feu, pour soies le darbha[6], pour tête la science divine ; il est habile dans les exercices de la pénitence ; le jour et la nuit sont ses deux yeux ; les Védângas sont sa

  1. Le nom sanscrit est locapâla : on entend par ce mot les dieux ou génies chargés spécialement de garder les différents points du ciel et les diverses parties de la création.
  2. Nom du dieu Sîva, que nous avons déjà vu.
  3. Ce passage, qui m’a paru interpolé, renferme un mot qu’il m’a été impossible de rendre littéralement : c’est le mot पुराणि pourâni, qui signifie ville. Je ne conçois pas que Vichnou, dans la position où le place le poète, puisse fonder des villes. J’avais essayé de faire rapporter cette idée à Manou : mais la difficulté était toujours la même. J’avais pensé ensuite que ce mot signifiait collection, classe d’êtres. J’ai mieux aimé le regarder, dans ce passage, comme synonyme de loca (monde), c’est-à-dire, réceptacle, habitation des diverses créatures. C’est dans ce sens que, par métaphore, poura signifie calice d’une fleur, et corps. Le Bhagavad-gitâ appelle le corps humain la ville aux neuf portes.
  4. Il s’agit ici de Vichnou, sur l’ombilic duquel s’éleva le lotus mystique d’où sortit Brahmâ ; fiction qui a donné lieu à plusieurs épithètes par lesquelles ces deux divinités sont désignées.
  5. Un des noms du lotus (nymphœa nelumbo), est pouchcara. Voyez le tome VIII des Recherches asiatiques ; Wilford y donne une carte indienne qui représente la terre sous la forme d’une fleur de lotus.
  6. Le mot darbha est synonyme de cousa, le gazon sacré.