Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/100

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votion font eux-mêmes croître la lune. Ainsi dans les srâddhas n’oubliez pas les yogins : que ce soit là le premier soin de ceux qui donnent à boire le soma[1].

Une fille de ces Pitris, qui ne dut sa naissance qu’à l’énergie de leur esprit (mânasî), fut Ménâ, épouse du mont Himâlaya ; elle eut pour fils le glorieux Mênaca, qui lui-même donna le jour au mont Crôntcha[2], brillant et riche de pierres précieuses. Le roi des monts eut de Ména trois filles, Aparnâ, Écaparnâ et Ecapâtalà. Celles-ci se livrèrent à une pénitence terrible que n’auraient pu supporter ni les dieux, ni les Dânavas, et elles éblouirent de l’éclat de leur dévotion les êtres animés et inanimés dans les trois mondes. Ecaparnâ ne vivait que d’une seule feuille, Ecapâtalâ d’une seule fleur de Pâtalâ[3] ; Aparnâ se passait de nourriture. Sa mère cherchait à modérer son zèle. « Hélas ! ou mâ[4], lui disait-elle ; c’est-à-dire, ne sois point si cruelle envers toi ! » Telles étaient les paroles que la tendresse inutile de sa mère adressait à cette déesse célèbre par ses austérités, et que les trois mondes connaissent maintenant sous le nom d’Oumâ. Ô fils de Bhrigou, elle habita aussi la terre, cette illustre pénitente : on l’y honore sous ce même nom d’Oumâ. Sa gloire y vivra comme celle de ses deux sœurs ; toutes trois, chastes et pieuses, d’une dévotion accomplie et possédant la science divine, ont été la pénitence même incarnée. Oumâ, la première en âge et en mérites, devint par sa profonde piété la compagne de Mahâdéva. Ecaparnâ fut l’épouse de Djêgîchavya, et Ecapâtalâ celle de l’illustre Asita Dévala[5], tous deux rivaux en science et en vertu, et maîtres dans le grand art de la dévotion.

Les mondes Somapadas sont ceux où résident les Pitris, fils de Marîtchi :

  1. Le soma, comme nous l’avons vu, est le jus de l’asclépias, que celui qui offre le sacrifice donne au Brahmane sacrificateur.
  2. Le Crôntcha et le Mênaca sont deux montagnes.
  3. C'est la fleur du Bignonia suave olens, que les Anglais appellent trumpet flower.
  4. Ces deux mots soulignés sont deux particules sanscrites ; la première est une exclamation, et la seconde indique la défense, en latin ns. Le sens de la phrase avait besoin d'être complété.
  5. Malgré l'autorité du Bhagavad-gîtâ, lect. x, sl. 13, je suis forcé ici de faire d'Asita et de Dévala un seul et même personnage. Il sera de nouveau question de Dévala dans la lecture xxiii, où les deux manuscrits dévanâgaris semblent encore indiquer qu'Asita est une épithète, un second nom de Dévala, comme si l'on disait Dévala le Noir. Le mot djêgîchavya m’avait d’abord paru n’être qu’une épithète ; mais il se trouve cité dans les Védas comme le nom d’un personnage célèbre par sa piété et son savoir.