Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/112

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de la race de Pourou. C’est celui-ci qui vint attaquer et qui tua le roi de Pantchâla, Nîpa, aïeul de Prichata. Ougrâyoudha eut pour fils l’illustre Kchémya ; Kchémya donna la naissance à Souvîra ; Souvîra, à Nripandjaya ; et Nripandjaya, à Vahouratha. Ces princes ont été distingués par le nom de Pôravas.

Or, Ougrâyoudha fut un prince bien malavisé. Habile à lancer un tchacra étincelant, et rempli de courage, il avait donné la mort au roi Nîpa. Ce triomphe l’enfla d’orgueil, et les autres princes de cette famille tombèrent aussi sous ses coups. Mon père venait de mourir : assis à terre, j’étais entouré de mes conseillers, quand un envoyé d’Ougrâyoudha vint de sa part me faire cette insolente proposition. « Bhîchma, me dit-il, je te demande aujourd’hui pour épouse ta mère[1], l’illustre Gandhacâlî, qui est la perle des femmes. Ô fils de Courou, si tu condescends à mes désirs, j’agrandirai ton royaume, et je te comblerai de présents. Je possède des richesses et des pierres précieuses : choisis ce qui peut te faire plaisir. » Cependant, en entendant ces mots, je sentais mon terrible tchacra s’enflammer dans ma main, ce tchacra dont la vue, ô fils de Bharata, fait fuir mes ennemis au milieu du combat. Son envoyé osa ajouter : « Si tu désires le bien de ton royaume ou de ta famille, si tu tiens à la vie, obéis à mon ordre : autrement tu n’as point de repos à espérer. » Assis sur mon lit de feuillage, j’écoutais cet émissaire : il se tut, et finit un discours qui me brûlait comme un trait de feu. Connaissant donc les intentions de cet insensé, je fis assembler de tous côtés les chefs des armées. Vitchitravîrya, encore enfant[2], courut lui-même aux armes pour me défendre. A cette vue, je cessai de retenir mon ressentiment et je me préparai au combat.

Entouré de conseillers expérimentés, de prêtres pieux, d’amis sages et prudents, pleins d’instruction et d’intérêt pour moi, avant de commencer l’attaque, je demandai leur avis sur la conduite que me dictait la circonstance. « Sans doute, me dirent-ils, l’impie a son tchacra levé contre toi : mais, de ton côté, tu ne t’es pas encore purifié[3]. Et certes ce n’est pas

  1. C’était sa belle-mère, autrement appelée Satyavatî. De Parâsara, elle avait eu d’abord Vyasa ; devenue ensuite l'épouse du roi Santanou, elle lui donna pour fils Vitchitravîrya. Le même Santanou avait eu auparavant de Gangâ ce Bhîchma qui parle dans cette lecture.
  2. Je rends ainsi le mot bâla que je ne regarde pas comme un nom propre.
  3. Les funérailles causaient une impureté qui ne pouvait être effacée que par certaines cérémonies, telles que l'ablution mritasnâna. Voyez Rech. asiat. t. vii.