Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/121

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société, véritables Mounis uniquement occupés des choses divines, ils se nommaient alors Nihspriha, Nirmama, Kchânta, Nirdwandwa, Nichparigraha, Nirvriti et Nirbhrita. Au milieu de leurs austérités et de leurs jeûnes, ils moururent, et revinrent à la vie sous la forme de cygnes, fréquentant les ondes du Mânasa. Les noms de ces sept frères étaient Padmagarbha, Ravindâkcha, Kchîragarbha, Soulotchana, Ourouvindou, Souvindou et Himagarbha. Dans le souvenir de leur vie passée, ils poursuivaient leurs saints exercices ; la faute commise envers leur maître, lorsqu’ils étaient Brahmanes, les avait fait rétrograder dans l’échelle des êtres ; mais le culte qu’ils avaient alors, au milieu même de leur égarement, rendu aux Pitris, leur avait procuré la faculté d’augmenter leur science à mesure qu’ils renaissaient. Enfin ils revinrent au monde sous l’apparence de canards sauvages, et sous les noms de Soumanas, Swani, Souvâk, Souddha, Tchitradarsana, Sounétra et Soutantra. Par un effet des pénitences qu’ils avaient accomplies dans leurs naissances diverses, de leurs exercices de dévotion et de leurs bonnes œuvres, la science divine qu’ils avaient précédemment puisée dans les leçons de leurs différents maîtres, forma un trésor qui alla toujours en s’accumulant par leurs transmigrations. Dans leur nouvelle condition d’habitants de l’air, ils continuaient leurs saintes pratiques ; dans leur langue ils ne pariaient que de choses sacrées[1] et l’yoga était l’unique objet de leurs méditations.

Telle était leur existence, quand Vibhrâdja, descendant de Pourou et prince de la famille des Nîpas, brillant de beauté, éclatant dé puissance, superbe et entouré de toute sa maison, entra dans la forêt où vivaient ces oiseaux. Soutantra le vit, et soudain ébloui de tant de richesses, il forma ce souhait : « Puissé-je devenir semblable à ce roi, si j’ai acquis quelque mérite par mes austérités et ma pénitence ! Je suis malheureux d’avoir jeûné, de m’être mortifié sans aucun fruit. »

  1. J’ai ainsi traduit le mot ब्रह्मवादिनः.