Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/13

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appris que peu de chose. Cependant examinons ces documents vagues et imparfaits que nous leur devons. Mégasthène rapporte que jusqu'à Sandracotus, les Indiens comptaient cent cinquante-trois rois, et se donnaient une antiquité de six mille quarante-deux ans. Les voilà en partie, ces tables généalogiques dont on a dû parler à l'ambassadeur grec : elles donnent un démenti formel à ses assertions. D'abord Mégasthène semble croire qu'il n’a existé qu'une seule monarchie indienne, quand il est de fait que deux dynasties principales, avec quelques-unes de leurs branches, se partageaient cette vaste contrée, et qu’aucune de ces maisons royales n’exerça jamais une constante domination. Les listes du Harivansa, qui méritent discussion[1], ne sont pas tout à fait exactes : il y a interpolation dans celle des princes de la dynastie solaire, que l’auteur porte au nombre de soixante et dix-neuf jusqu’au temps d’Youdhichthira, ou soustraction dans celle des rois de la race lunaire, dont il ne compte pas plus de quarante jusqu’à la même époque. Mais même en prenant le chiffre soixante et dix-neuf, et y ajoutant quinze générations qui ont pu précéder l'établissement de la monarchie, et trente-cinq rois de Magadha (Bahar) qui régnèrent après Youdhichthira jusqu’à Sandracotus, on n’arrivera pas au total, cent cinquante-trois. Si le nombre des princes est trop fort, il y a aussi exagération évidente dans le calcul des années d’existence que l’auteur grec prête à la nation indienne.

Mais trompé sur ce point, Mégasthène a du moins révélé à Arrien et à Diodore de Sicile une circonstance qui est vraie, et que le Harivansa nous apprend presque dans les mêmes termes que ces deux historiens. Ceux-ci disent que le fondateur de la monarchie indienne, qu’ils appellent Hercule, eut plusieurs fils et une seule fille ; qu’il partagea ses états entre ses enfants et voulut que sa fille eût dans son

  1. L'examen de ces listes et leur comparaison avec celles que nous présentent d’autres ouvrages, formeront le sujet de plusieurs mémoires que je me propose de publier.