Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/151

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ta ville deviendra déserte. » Par suite de cette imprécation, Bârânasî cessa d’être habitée : elle disparut dans les airs. Nicoumbha retourna auprès de Siva, après avoir lancé cette malédiction puissante. Le dieu établit sa demeure dans ces lieux et s’y livra aux plaisirs, aimé de la fille d’Himâlaya, et la rendant heureuse de son amour. Cependant la déesse était distraite par l’admiration que lui causait ce séjour. « C’est ici, dit-elle à Siva, c’est ici que je veux demeurer, et non dans une ville. » « Oui, répond le dieu, je ne quitterai point cette demeure : elle sera toujours habitée par nous (avimoukta). Je n’irai point ailleurs, ô déesse, ce palais sera votre séjour. » Ainsi parlait en riant le dieu qui vainquit Tripoura[1], et que l’on surnomme Tryambaca[2]. Ces mots de Siva ont fait donner à Bârânasî, soumise à l’imprécation de Nicoumbha, le nom d’Avimoukta[3]. Mahâdéva y demeura avec la déesse pendant trois âges, animé par le sentiment du devoir, et honoré de tous les dieux. Dans le Cali-youga, l’habitation du grand Siva a disparu ; alors l’ancienne ville s’est rétablie, et Bârânasî autrefois maudite a été habitée de nouveau.

(Un fils de Bhadrasrénya, nommé Dourdama, avait été épargné par Divodâsa, à cause de son enfance. S’étant emparé de l’héritage d’Hêhaya, ce prince céda les domaines que Divodâsa lui avait enlevés, voulant, Kchatriya généreux, mettre fin à toutes les inimitiés.

Divodâsa eut de Drichadwatî un fils qui fut le belliqueux Pratardana, et qui était encore enfant quand il recueillit l’héritage de son père[4].) Pratardana donna le jour à deux fils, Vatsa et Bharga. De Vatsa naquit Alarca ; et d’Alarca, Sannati[5].

Alarca, roi de Câsi, fut dévoué au culte divin et ami de la vérité. Les Pourânas chantent dans leurs vers la gloire du Râdjarchi Alarca. Illustre

  1. Nom d’un pays situé à l’est de l’Inde, aujourd’hui le Tipperah, ainsi appelé à cause de trois villes qui le défendaient. Ce pays fut subjugué par Siva.
  2. Ce mot Tryambaca rappelle l’épithète θρίαμϐος, donnée à Bacchus ; on a dit de même que le nom de Bacchus n’était autre chose que le mot sanscrit Bhagavân. Tryambaca signifie trioculus. M. Wilson donne cependant de ce terme une autre explication.
  3. M. Wilson assigne à ce mot une étymologie différente. Voyez son Dictionnaire.
  4. Ce passage, dans cette lecture comme dans la xxxiie, est d’une concision presque incorrecte, et j’avoue que j’ai deviné plutôt que je n’ai trouvé le sens de ces phrases. Les vers d’ailleurs ne sont pas identiques dans les deux lectures.
  5. Dans la xxxiie lecture, ce prince est omis, et à sa place se trouve une épithète qui se rapporte à Alarca.