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lumière, la vivacité perçante de la vue. Enfin arrive l’intelligence, qui dirige les sens, comme le cocher guide ses chevaux, et qui établit la communication entre eux et les objets extérieurs[1].

C’est Vichnou, principe fécondant (pouroucha), qui a créé tous ces mondes éternels : comment donc est-il venu, dans ce monde périssable, se revêtir de l’humanité ? Saint Brahmane, voilà ce qui m’embarrasse et m’étonne. Comment celui qui est la voie suprême a-t-il pris une forme mortelle ? Tu m’as appris la généalogie de ma propre famille : je désire connaître aussi l’histoire de Vichnou et la suite de celle des Vrichnis. Vichnou est pour les Dévas et les Détyas la grande merveille. Raconte-moi, ô savant Mouni, le miracle de ses naissances : récit étonnant, source d’une grande félicité, monument de gloire pour le tout-puissant Vichnou, célèbre par sa force et son courage, admirable par ses œuvres immortelles.


QUARANTE ET UNIÈME LECTURE.

COURTE EXPOSITION DES AVATARES[2] DE VICHNOU.

Vêsampâyana dit :

La demande que tu me fais est importante : tu veux connaître les actions du dieu qui porte l’arc Sârnga[3]. Je me conformerai à ton désir, ô prince, autant qu’il me sera possible, et je vais t’entretenir de la gloire de

  1. Dans ce passage on rencontre le mot ग्राम​ grâma, avec le sens de collection, réunion, assemblage, quoique M. Wilson semble exiger que pour avoir ce sens il soit en composition avec un autre mot. La xlve lecture le reproduit, mais en composition, dans इनद्रियग्राम​ et भूतग्राम​ indriyagrâma et bhoûtagrâma.
  2. Ce mot, qui signifie descente, indique l’apparition d’une divinité sous une forme mortelle. Il s agit spécialement ici des incarnations de Vichnou, dont les principales sont au nombre de dix. Mais il parait que les auteurs ne s’accordent pas sur la nature de ces avatares. Le poëte, dans cette lecture, ne fait aucune mention du Poisson et de la Tortue, regardés par quelques écrivains comme les deux premiers avatares ; mais il en cite d’autres sur lesquels il donnera plus tard d’assez longs développements.
  3. Sârnga est en général un arc de corne, et en particulier celui du dieu Vichnou.