Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/48

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Le moment du baptême royal de Prithou était venu : de tous côtés arrivèrent auprès de lui les dieux des mers, des fleuves et des eaux, chargés de pierres précieuses pour les lui présenter. Brahmâ lui-même avec les dieux, les enfants[1] d’Angiras, tous les êtres animés et inanimés s’assemblèrent pour assister au sacre d’un prince vertueux, environné de gloire et de puissance, et élevé au rang suprême pour le bonheur de la terre. Les cérémonies solennelles furent accomplies, suivant le rite sacré, par de savants Brahmanes, et Prithou, fils de Véna, fut reconnu roi des rois.

Alors les mortels opprimés par son père éprouvèrent sa bienveillance ; et les vertus d’un prince chéri semblaient accroître une population heureuse de naître sous lui. Quand il devait aller sur la mer, les flots s’arrêtaient calmes et tranquilles ; les montagnes s’ouvraient pour lui faire un passage. Son drapeau était partout respecté. La terre, d’elle-même et sans travail, produisait à volonté des fruits toujours mûrs ; les vaches donnaient sans cesse leur lait à qui voulait les traire, et le miel se formait dans la coupe du lotus. Ce fut dans ce temps, qu’au moment d’un sacrifice brillant en l’honneur de Brahmâ, au jour appelé sôtya, naquit de Soûtî le sage Soûta[2]. Ce fut encore au moment de ce grand sacrifice que vint au monde le docte Mâgadha. Les Richis les chargèrent de célébrer les louanges de Prithou. « Que ce prince, leur dirent ces saints personnages, que ce prince soit l’objet de vos chants. C’est là une tâche qui vous convient ; Prithou est digne de vos éloges. » Soûta et Mâgadha répondirent alors aux Richis : « Nous pouvons

    foi de Djina. Les Richis avaient réussi à le convertir, et il avait fait pénitence. Après avoir abdiqué en faveur de son fils Prithou, il s’était retiré au paradis de Vichnou. Les hommes sans enfants allaient dans un enfer appelé पुन्नरक. Voyez Wilson, au mot पुत्र.

  1. Nous avons vu, lect. iii, que les Ritchas étaient filles d’Angiras. Celui-ci eut d’autres enfants ; car Vrihaspati, le précepteur des dieux, est son fils. Je fais cette remarque, parce que le nom patronymique, employé ici dans le texte, est masculin, quoique Ritchas soit du féminin.
  2. On donne le nom de Soûta et de Mâgadha à ces poëtes qui célébraient les louanges des princes, à ces panégyristes, souvent improvisateurs, que les rois avaient à leur solde. Ces bardes ou ménestrels exerçaient même une espèce de fonction, chantaient les vertus de leur patron, sa généalogie et les exploits de ses ancêtres ; ils l’accompagnaient à l’armée, et par leurs accents ils animaient le courage des soldats. Il ne faut pas confondre ces Soûtas et ces Mâgadhas avec ceux dont parlent les Lois de Manou, lect x, et qui appartiennent par leur naissance aux classes mêlées, chargés, les premiers de conduire les chars des combattants et de soigner les chevaux, les autres de voyager pour le commerce.