Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/8

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Je n’ai pas cru que ce peuple, qui vit depuis si longtemps et occupe sur le globe un si vaste espace, qui tient une si grande place et dans les siècles et sur la terre, pût rester déshérité de ses antiques annales : j’ai pensé qu’il fallait les aller chercher dans ses propres livres, où elles se trouvent confondues avec des fables de toute espèce, et qu’on ferait bien, en traduisant ces écrits, de livrer à la critique, franchement et sans esprit de système, les matériaux qui doivent servir à cette œuvre de réhabilitation.

C’est alors que, voulant concourir pour ma part à ce grand résultat, j’ai entrepris la traduction d’un ouvrage que me désignait l’estime même dont il jouit parmi les Indiens. Le Harivansa est un poëme regardé comme sacré, et qu’on lit avec recueillement à l’époque des réunions solennelles : les promesses les plus brillantes, pour cette vie et pour l’autre, sont faites à ceux qui en écoutent la lecture. Dans le pays de Camaon, on le place sur la tête de celui qui dépose en justice ; dans d’autres contrées, il est honoré à l’égal du Sâlagrâma et des feuilles de toulasî, et les juges le présentent à celui qui fait un serment devant le tribunal. Enfin les Djênas, voulant sans doute mettre à profit la vénération qu’inspire ce livre, en ont usurpé le titre pour un de leurs ouvrages, qui, dit-on, est différent de l’ouvrage orthodoxe.

Le Harivansa forme ordinairement un appendice du Mahâbhârata : même genre de récit, mêmes interlocuteurs, même auteur présumé. Cependant ce poëme n’est pas original, et, comme beaucoup d’autres livres sanscrits, ce n’est qu’un recueil, assez maladroitement compilé, de précieux fragments, débris épars d’une littérature plus ou moins ancienne, que le malheur des temps avait sans doute dispersés, et qu’une main plus moderne a pris soin de rassembler. On y rencontre des vers empruntés aux lois de Manou et au Bhagavad-gîtâ, des citations et des extraits peut-être des Pourânas ; mais rien n’y ré-