Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/96

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vous qui brillez de l’éclat de la pénitence, et qui paraissez un Nârâyana ! Vous êtes sans doute un dieu parmi les dieux : telle est ma pensée. » Ce saint personnage me répondit en souriant : « Tes exercices de dévotion sont donc mal dirigés, puisque tu ignores qui je suis. » Aussitôt prenant à mes yeux une figure différente et merveilleuse, il m’apparut sous une forme telle que je n’en avais jamais vu de semblable.

« Je suis, me dit-il, le premier-né de Brahmâ, issu de sa pensée (mânasa), puissant par la force de la pénitence, et animé de l’esprit de Nârâyana : je suis ce Sanatcoumâra[1] dont parlent les Vèdes. Ô fils de Bhrigou, salut. Que désires-tu de moi ? Ils sont aussi fils de Brahmâ, et par conséquent mes frères, mais cependant plus jeunes que moi, ces sept grands Richis dont les enfants sont si renommés, Cratou, Vasichtha, Poulaha, Poulastya, Atri, Angiras et le sage Marîtchi. Honorés des dieux et des Gandharvas, ils soutiennent et protègent les trois mondes, et ne sont pas moins respectés des Dânavas que des Dévas. Poursuivant les exercices d’une rigoureuse pénitence, ô grand Mouni, nous vivons recueillis en nous-mêmes, exempts des devoirs comme des passions des autres créatures. Tu me vois toujours jeune, comme quand je suis né : de là mon nom si connu de Sanatcoumâra[2]. Pour me regarder et m’honorer, tu as interrompu ta pénitence. « Ton premier désir est satisfait. Que demandes-tu encore ? »

Ainsi parla l’immortel Sanatcoumâra : je lui répondis, ô fils de Bharata, encouragé par sa bonté, et je l’interrogeai sur l’origine des Pitris et les fruits du Srâddha. Ô Bhîchma, ce maître des dieux mêmes daigna m’éclairer. À la fin d’un récit qui dura bien des années, ce saint personnage me dit :

Sanatcoumâra dit :

Pieux Brahmane, je viens de m’amuser avec toi : écoute la vérité telle qu’elle est. Brahmâ créa les dieux, ô fils de Bhrigou. « Ils m’offriront des sacrifices, » avait-il dit. Mais voilà qu’oubliant le Créateur, ceux-ci ne sacrifiaient que pour recueillir eux-mêmes tout le fruit de leur action. Brahmâ les


    Brahmâ furent produits soixante mille petits Brahmanes de cette taille, que l’on appelle Bâlakhilyas. Voyez le Nouveau Journal asiatique, no 63, p. 221

  1. Voyez la première lecture.
  2. Coumâra veut dire jeune homme, et sanat signifie toujours. Voyez dans le dictionnaire de M. Wilson le mot लोक loca.