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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/130

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Ce furent des architectes byzantins qui élevèrent les premières églises en pierre et en maçonnerie, des peintres byzantins qui les décorèrent. L’église de la Dîme, à Kief, celle de Sainte-Sophie à Novgorod, dont le prêtre grec Joachim dirigea la construction, furent les premiers monuments de cet art religieux. Sous Iaroslaf le Grand (1016-1054), successeur de Vladimir, Kief devient une ville d’aspect impérial. « Iaroslaf voulut faire de sa capitale une rivale de Constantinople. Comme Byzance, elle eut sa cathédrale de Sainte-Sophie et sa Porte d’or. Adam de Brême l’appelle « æmula sceptri Constantinopolitani et clarissimum decus Græciaæ…. » Iaroslaf n’a pas assez d’artistes grecs pour décorer tous les temples, pas assez de prêtres grecs pour les desservir. Kief est alors la ville aux quatre cents églises qu’admiraient les écrivains d’Occident…. La merveille de Kief, c’était Sainte-Sophie. Les mosaïques de l’époque d’Iaroslaf subsistent encore, et l’on peut admirer, « sur le mur indestructible », la colossale image de la Mère de Dieu, la Cène où le Christ apparaît double, présentant à six de ses disciples son corps et aux six autres son sang, les images des saints et des docteurs, l’ange de l’Annonciation et la Vierge. Les fresques conservées ou soigneusement restaurées sont encore nombreuses et couvrent de toutes parts les piliers, les murailles et les voûtes à fond d’or. Toutes les inscriptions sont non pas en langue slavonne, mais en grec[1]. »

Ce n’est point seulement chez les peuples chrétiens d’Orient, Russes, Arméniens, etc., que se retrouve la trace de l’art byzantin ; à leur tour, les ennemis les plus acharnés du christianisme et de l’empire grec lui ont fait des emprunts. Sans doute l’art arabe a pris de bonne heure une physionomie originale, mais tout d’abord ce n’est pas en lui-même qu’il a trouvé les éléments dont il s’est formé. Quand les Arabes entreprirent les conquêtes qui devaient étendre leur domination de l’Asie Mineure aux Pyrénées, l’art n’existait encore chez eux que sous ses formes les plus simples. Dans la plupart des pays où ils s’établirent, ils adoptèrent donc les monuments qui s’y trouvaient

  1. Rambaud, Histoire de Russie, 2e édit., p. 63, 64.