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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/147

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Boçrâ[1]. Et lorsque je l’eus mis au monde, il posa ses petites mains sur le sol et leva la tête au ciel. Laisse-le donc ici et va-t’en. »

Avec le temps, quand les musulmans furent en contact journalier avec leurs sujets chrétiens, cette forme même de la légende ne leur suffit plus ; car Mahomet, tout en modifiant un peu ce dogme, avait reconnu que Jésus et sa mère étaient exempts du péché originel, et c’était pour les croyants un scandale perpétuel de devoir reconnaître au fondateur du christianisme un tel avantage sur le fondateur de l’islamisme. C’est pour ce motif que naquit un nouveau dogme : on crut que l’âme de Mahomet avait été créée avant Adam dans un état de pureté complète.

Mais le plus grand miracle que Dieu fit pour son prophète a été l’ascension ou voyage nocturne. Voici ce qui y donna lieu. La dernière année du séjour de Mahomet à la Mecque, ses adversaires, poussés probablement par les Juifs, lui dirent : « La patrie des prophètes, c’est la Syrie ; si donc tu es vraiment prophète, vas-y, et, quand tu en seras revenu, nous croirons en toi. » Mahomet fut persuadé, semble-t-il, que cette objection était fondée, et, si l’on peut en croire la tradition, il conçut plus ou moins le plan de faire le voyage de la terre sainte ; mais une vision qu’il eut la nuit vint lui en épargner la peine. Il visita Jérusalem d’une façon miraculeuse et il raconta ce fait dans le Koran (17, ℣ 1) comme suit :

« Louange à celui qui a transporté, pendant la nuit, son serviteur du temple sacré[2] à cet autre temple plus éloigné[3] dont nous avons béni les alentours, pour lui faire voir quelques-uns de nos miracles. En vérité, Dieu entend et voit tout. »

Ses adversaires trouvèrent l’idée ridicule ; les croyants eux-mêmes eurent des doutes au sujet du miracle, si bien que quelques-uns le considérèrent comme un mensonge et aposta-

  1. Boçrâ était pour les Arabes une importante ville de commerce. Elle était le siège d’un évêché chrétien et la ville la plus voisine d’entre celles où régnait la civilisation grecque.
  2. La Kaba.
  3. Le temple de Jérusalem.