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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/195

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la dernière enfin la Source de vie. Une sorte de kiosque, grossièrement colorié, supporté par huit colonnes et surmonté d’une croix pattée, abrite la fontaine mystique, à laquelle viennent se désaltérer un cerf et des oiseaux ; d’autres animaux, paons, coqs, canards, couvrent le fond qu’occupent encore en partie des plantes d’apparence bizarre. L’aspect général est singulier et rappelle un peu l’Orient. La signification symbolique de la composition est du reste bien connue, et les artistes occidentaux ont plus d’une fois représenté la source mystique de la vie éternelle.

Le fameux Psautier de Charles le Chauve, écrit vers le milieu du IXe siècle par un certain Liuthard, qui se nomme à la fin, est tout entier écrit en onciale d’or sur vélin blanc. Les initiales et les titres sont sur bandes de pourpre, et en tête de chaque nocturne on trouve une page d’ornement ; on y remarque une foule de motifs empruntés à l’art antique, entre autres une grecque de deux teintes vue en perspective, copiée probablement sur une mosaïque. Quelques feuillets entièrement pourprés sont chargés des rinceaux les plus délicats, dignes des peintres de la Renaissance. Les peintures sont au nombre de trois. La première représente David accompagné de ses quatre compagnons accoutumés : l’un d’eux, qui danse, paraît copié sur un modèle romain. Dans la seconde figure le roi Charles, sous un fronton à l’antique, de couleur violette : le roi est sur un trône d’orfèvrerie, il a la couronne sur la tête et porte des sandales de pourpre. La troisième peinture, qui fait vis-à-vis à cette dernière, représente un écrivain assis et nimbé. Quelques-unes des initiales de ce précieux volume rappellent encore de fort loin les manuscrits anglo-saxons ; mais tout le reste de l’ornementation est antique.

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L’École de Tours est une des écoles calligraphiques les plus importantes des temps carolingiens. Fondée par Alcuin, elle resta longtemps florissante et on en trouve des produits un peu partout, à Tours même, à Paris, à Chartres, en Allemagne, etc. On les reconnaît à l’usage d’une demi-onciale toute particulière,