Aller au contenu

Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme on le verra plus bas, bien après l’époque dont il s’agit ici, dans des pays où les deux races, germanique et latine, se trouvaient en contact intime et journalier et n’étaient pas arrivées à se fondre dans une nationalité nouvelle.

Le mot welche a en français une nuance méprisante qu’il avait à coup sûr, à cette époque, dans l’esprit des Allemands qui le prononçaient. Les conquérants avaient une haute opinion d’eux-mêmes et se regardaient comme très supérieurs aux peuples chez lesquels ils venaient s’établir. Les monuments purement germaniques manquent malheureusement pour ces époques reculées ; mais quelques textes latins ont conservé le souvenir des sentiments que la race conquérante, encore plusieurs siècles après la chute de l’empire, entretenait pour les Walahen, seuls dépositaires pourtant de la civilisation occidentale. Le plus curieux de ces textes, à cause de sa naïveté, est cette phrase qui se trouve dans le célèbre glossaire roman-allemand de Cassel et qui est certainement d’un Bavarois du temps de Pépin : Stulti sunt Romani, sapienti Paioari ; modica sapientia est in Romanis ; plus habent stultitia quam sapientia. Ici, par une rare chance, nous avons conservé, à côté de la traduction latine, la pensée de cet excellent Peigir dans la forme même où elle a souri à son esprit : Tole sint Walha, spahe sint Peigira ; luzic ist spahi in Walhum ; mera hapent tolaheiti denne spahi. A la même époque, on rencontrait, sur les bords du Rhin, des Allemands comme celui que peint Wandelbert dans son récit des miracles de saint Goar : Omnes Romanæ nationis ac linguæ homines ita quodam gentilicio odio exsecrabatur ut ne videre quidem eorum aliquem æquanimiter vellet…. Tanta enim ejus animum innata ex feritate barbarica stoliditas apprehenderat ut ne in transitu quidem Romanæ linguæ vel gentis homines et ipsos quoque bonos viros ac nobiles libenter adspicere posset. Ces sentiments n’étaient pas bornés aux hommes sans culture : au Xe siècle encore, Luitprand s’indignait