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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/277

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et dont l’usage, parmi les familles riches, était déjà général du temps de saint Jean Chrysostome ; tous contenaient, avec d’autres reliques, une parcelle plus ou moins importante du bois de la Vraie Croix. Les palais des familles princières, les couvents, renfermaient d’autres croix plus grandes ; les « couronnes de lumière » des églises en portaient souvent de suspendues au-dessus des autels. Au retour des croisés, les sanctuaires de l’Europe en reçurent un grand nombre, presque toujours gratifiées, soit par ceux qui les rapportaient, soit par ceux qui les recevaient en dépôt, de quelque origine plus ambitieuse qu’authentique. Presque toutes étaient censées avoir appartenu à Constantin, à sainte Hélène ou tout au moins à Manuel Comnène.

Après la Vraie Croix, c’étaient les reliques de l’Enfance et de la Passion du Christ, celles de la Vierge, des Apôtres, de saint Jean le Précurseur, du protomartyr saint Étienne, de saint Laurent, de saint Georges et de saint Nicolas que les Latins recherchaient avec le plus d’avidité. Une idée dont ils paraissent aussi avoir été pénétrés et qui leur avait été sans doute suggérée dès avant leur départ, c’est l’intérêt que pouvaient avoir certaines grandes églises de l’Europe à posséder des reliques considérables et authentiques des saints orientaux sous le vocable desquels elles avaient été dédiées ; c’est ainsi que les cathédrales de Châlons-sur-Marne et de Langres, qui reçurent chacune, pendant le temps des croisades, trois envois successifs des restes de saint Étienne et de saint Mammès, leurs patrons respectifs, furent redevables à la prise de Constantinople des plus considérables de ces envois.

Quant aux objets destinés au service du culte et à l’ornementation des églises, il suffit de parcourir les listes des présents adressés à cette époque de Constantinople en Occident pour être étonné de la quantité considérable de vases sacrés en or et en argent, d’encensoirs, de croix processionnelles, de parements d’autels et de vêtements ecclésiastiques, même de tapis et de tissus neufs d’or, d’argent et de soie, qui prirent le chemin de l’Italie, de la France et de l’Allemagne. Les dyptiques, les tables d’ivoire qui devaient servir à enrichir les couvertures des manuscrits de l’Occident, figurent aussi en grand nombre parmi les