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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/438

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croyants ; ils n’étaient pas astreints au même ascétisme, ils pouvaient se marier, posséder des biens, faire le commerce et la guerre, se nourrir de n’importe quoi, à la seule condition de recevoir le consolamentum avant leur mort. Ils faisaient avec les ministres de la secte un pacte, convenenza, conventio, par lequel ils s’engageaient à se faire consoler en cas de danger mortel, et à mener la vie des parfaits s’ils revenaient à la santé. Il y en avait de si enthousiastes que, pour ne pas perdre la grâce du baptême spirituel une fois reçu, ils se mettaient en endura, c’est-à-dire qu’ils se laissaient mourir de faim.

Le culte cathare, qui excluait tous les éléments matériels, se composait d’une prédication faite par un ministre, de l’oraison dominicale récitée par l’assemblée, de la confession des péchés suivie de l’absolution, enfin de la bénédiction donnée par le ministre et les parfaits. Ces derniers, quand ils assistaient à un repas, bénissaient le pain, que les croyants conservaient comme une sorte de talisman.

Le clergé de la secte n’admettait que des évêques et des diacres. L’église était divisée en évêchés, correspondant d’ordinaire aux diocèses catholiques ; les villes, les châteaux, les bourgs formaient des diaconats. Les évêques entretenaient entre eux des relations intimes et fréquentes ; il arriva que des députés des pays slaves et de l’Italie assistèrent à des conciles tenus dans le midi de la France.

En somme, ce système, malgré sa prétention de s’adapter au Nouveau Testament en l’interprétant par des allégories, était moins une hérésie chrétienne qu’une religion différente, mêlée de mythes cosmogoniques, que, dans ce résumé succinct, nous nous abstenons de mentionner.

Pour les autorités de l’Église, les cathares étaient un objet d’horreur, autant à cause de leur doctrine à moitié païenne qu’à cause de leur influence sur les peuples ; on les traitait d’hérétiques par excellence, c’est à eux que ce nom était spécialement réservé par les auteurs qui ont écrit contre les sectes ; c’est aussi à leur occasion que furent décrétées d’abord ces mesures de rigueur qui ont formé la législation inquisitoriale.