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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/551

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d’un homme qui consacra sa vie tout entière à réprimer les nombreux excès des clercs de son temps….

Eude Rigaud, entré en 1242 dans l’ordre de saint François, fut sacré archevêque de Rouen au mois de mars 1247. Son premier soin fut la visite des doyennés ruraux de son diocèse. Dans l’impossibilité de se transporter sur chaque paroisse, il réunissait tous les curés d’un doyenné dans une même assemblée. Là se faisait une sévère enquête sur les mœurs de chacun d’eux. Six prêtres, investis des fonctions de jurés (juratores) dénonçaient hardiment tous les désordres que la voix publique imputait à leurs confrères. Ces désordres peuvent être rattachés aux chefs suivants :

Excès de boisson.Querelles. — Je trouve plusieurs fois répété le reproche de fréquenter les tavernes et celui de boire jusqu’au gosier. De là des rixes, de là des habits oubliés dans les lieux de débauche, de là même des clercs étendus ivres-morts dans les champs. — Outre les querelles nées de la boisson, d’autres prennent leur source dans le caractère violent de certains curés amis de la discorde. Ils prennent part aux mêlées, ils se battent avec leurs paroissiens ; un d’entre eux tira même l’épée contre un chevalier.

Commerce. — Le plus ordinairement l’accusation se borne à signaler tel ou tel curé comme s’adonnant au négoce. Dans beaucoup de cas cependant, la nature de ce négoce est spécifiée. Il consiste, par exemple, à donner son argent aux commerçants pour en retirer l’intérêt, à avoir des navires sur la mer, à s’immiscer dans le commerce des bois, à louer des terres pour les ensemencer, à prendre des fermes, à percevoir les droits de péage et de tonlieu, à engraisser des porcs, à vendre des béliers, des vaches, des chevaux, du chanvre, du vin, du cidre. Les curés débitants de boissons poussaient l’abus jusqu’à enivrer leurs paroissiens. Le commerce des grains est aussi sévèrement prohibé. Il paraît que dès lors les spéculateurs sur les denrées connaissaient les marchés à terme.

Jeux. — Les jeux défendus sont les dés, la boule, le palet. En 1248, on faisait un reproche au prêtre de Baudriou Bosc de prendre part aux tournois.