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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/113

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par les normands vers l’an mille

Dans l’ensemble, aussi bien dans la Saga de Karlsefni que dans le Flatey Bôk, le rôle d’Eirik le Rouge reste en relief. C’était justice, puisqu’il fut le découvreur, l’initiateur, et qu’à lui remonte toute l’aventure. Mais, hormi ce point, dans la Saga de Karlsefni, la famille d’Eirik passe au second plan. Leif, par exemple, ne trouve le Vinland que par l’effet d’une dérive due à la tempête. C’est le rôle de Bjarni dans la Saga d’Eirik. Les autres membres sont des comparses ou des personnages odieux, comme Freydis.

La grande vedette, c’est Karlsefni. Le tableau est poussé si loin, qu’au retour de son expédition au Groenland, il n’est plus question ni d’Eirik, ni des siens. Le Scalde les efface dans le rayonnement de la gloire de son héros.

Karlsefni est dépeint comme un habile commerçant, un marin audacieux et dans ses aventures avec les Skroelings, comme un chef militaire avisé. Tous titres de gloire particulièrement appréciés chez les Normands.

Son itinéraire, quelque peu différent de celui de Leif, longe les mêmes côtes et aboutit à une contrée qui ne doit pas être fort lointaine du Vinland de Leif, qui se trouve vraisemblablement sous la même latitude, mais où Karlsefni avoue implicitement n’avoir pas retrouvé les huttes de Leif, comme les autres aventuriers l’ont fait.

Arrivé au Straumfjord, il n’ose penser qu’il est au Vinland, bien qu’il ait trouvé de la vigne. Il ne semble pas certain d’avoir atteint le but qu’il s’était proposé en partant du Groenland, puisque quittant le Straumfjord, il va plus au Sud, où il trouve le Hóp. Il laisse Thorhall partir vers le Nord-Ouest à la recherche des huttes de Leif.

Des analyses des deux Sagas, on peut, dès maintenant, tirer les conclusions suivantes :

Il n’y a qu’une série de voyages en Amérique. Ils forment le fonds commun, mais sont relatés d’une façon légèrement différente dans chaque Saga. Au cours de ces voyages, les navigateurs ont suivi des itinéraires sensiblement voisins et ont dû aboutir à des régions sans doute peu éloignées l’une de l’autre.