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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/19

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XIII
INTRODUCTION


CHAPITRE II


COMMENT LES SAGAS NOUS SONT PARVENUES


Les Sagas, transmises pendant des siècles de bouches en bouches seraient perdues pour nous, si à une certaine époque des scribes ne les avaient recueillies et mises par écrit. À la longue et même du temps des Scaldes, elles ont pu, selon toute vraisemblance, subir quelques modifications dans les détails.

Les scribes de la fin du xiiie et du xive siècles n’étaient plus des Vikings. Ils pouvaient même ne plus comprendre exactement la vie ni la mentalité des anciens Normands, mais ils conservaient intact, dans ses grands traits, le souvenir des grands exploits d’antan.

Les scribes ont peut-être été, pour bien des causes, moins fidèles que les scaldes à la tradition. Ils n’avaient plus à affronter la censure d’auditeurs trop proches témoins des événements. Le désir de plaire aux descendants des héros, pour lesquels sans doute ils travaillaient, le souci des tendances de leur époque, les entraînèrent peut-être à quelques interpolations fâcheuses. Mais, au total, c’est l’exception, car l’ensemble du récit est très homogène et se tient ainsi qu’une trame tissée sur un même métier.

Les transcriptions datent pour la plupart de la fin du xive siècle, c’est-à-dire plus de 300 ans après les événements. La civilisation avait marché, les Vikings s’étaient assagis, les scaldes guerriers étaient devenus des gens studieux, des savants « frothr » ou des moines. Il est possible, probable même, que certains termes, certains détails du vocabulaire des marins du xe siècle leur aient échappé.