allemands, on consulte, de préférence au Manuel, le répertoire de J. G. Th. Græsse : Trésor de livres rares et précieux, ou nouveau dictionnaire bibliographique contenant plus de 100 000 articles de livres rares, curieux et recherchés, d’ouvrages de luxe, etc. (Dresde, 1859-69, 7 vol. in-4)[1].
14. — Il y aurait lieu aujourd’hui de refaire le Manuel du libraire en tant que répertoire de livres rares, en le mettant au courant des changements qui se sont produits, depuis trente ans, sur le marché (cf. § 18). Il serait encore plus nécessaire de le refaire en tant que répertoire de livres « bons, utiles, et d’un prix ordinaire » ; mais, vu l’extraordinaire activité de la production scientifique et littéraire qui a marqué la fin du xixe siècle, il est maintenant plus difficile que jamais de composer un répertoire de ce genre qui ne soit pas ridicule. Qui pourrait se croire compétent pour distinguer, dans toutes les spécialités et dans tous les pays, les « bons » livres des médiocres et des mauvais, les livres les plus « utiles » de ceux qui le sont moins et de ceux qui ne le sont pas du tout ? Des hommes de compétences diverses s’associeraient-ils pour dresser, en collaboration, une liste des « meilleurs livres », qu’ils n’échapperaient pas au reproche d’avoir procédé arbitrairement, suivant leurs goûts personnels. Bref, rien n’est plus difficile à faire, ni plus ingrat, qu’une bibliographie des meilleurs livres de tous les pays sur tous les sujets.
Si de pareilles considérations induisent à penser que les bibliographies universelles de ce type disparaîtront prochainement, il y a cependant des raisons pour qu’il n’en soit pas ainsi. Il est naturel que l’on soit toujours tenté d’offrir au « grand public » proprement dit, à cet innombrable public des general readers qui n’a ni le temps, ni la volonté d’user des grands répertoires bibliographiques, un guide élémentaire à travers les livres. En fait, on n’a jamais vu paraître, autant qu’aujourd’hui, de guides de cette espèce, particulièrement dans les pays anglais.
- ↑ Le 7e volume contient un Supplément dont la fin est écourtée de la manière la plus bizarre. — On a annoncé une nouvelle édition, refondue, du Trésor de Grœsse, mais l’entreprise n’a pas eu de suites. Cf. Centralbatt für Bibliothekswesen, 1889, p. 218.