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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.


4. Honorés par nos sacrifices, ils brillent, et abattent sous leurs glaives ce que la force la plus grande ne saurait abattre. Marouts ! quand à vos chars vous attelez vos daims, vous volez, aussi prompts que la pensée, en répandant la pluie.

5. Ô Marouts ! quand à votre char vous attelez vos daims, amenant le nuage pour fertiliser nos champs, alors les gouttes d’eau, perçant comme la peau de ce (nuage) bienfaisant, viennent inonder la terre.

6. Que vos rapides coursiers vous transportent ; venez d’un pas léger, et les bras (chargés de présents). Asseyez-vous sur le cousa ; une large place vous y est faite ; ô Marouts ! rassassiez-vous de nos douces offrandes.

7. Forts de leur propre puissance, ils grandissent ; ils s’établissent au ciel, et s’y étendent. Quand Vichnou[1] vient prendre sa part de nos enivrantes libations, eux, comme des oiseaux, arrivent aussi sur le cousa qui leur est cher.

8. Tels que des héros, de rapides guerriers, des combattants avides de gloire, ils font éclater leur courage. Tous les êtres craignent les Marouts ; et quand ils déploient leur vaillance, ils brillent comme des rois.

9. Saisissant la foudre, arme admirable, étincelante d’or et garnie de mille pointes, (arme) qu’a fabriquée l’habile ouvrier Twachtri, Indra se distingue dans le combat ; il frappe Vritra, et lance des torrents de pluie.

10. (Non moins courageux), les Marouts ont avec force enlevé une source, et fendu une haute montagne[2] ; (dieux) bruyants et généreux, ils opèrent, dans l’ivresse du soma, des (merveilles) dignes d’être célébrées.

11. Oui, ils ont, par la route des airs, enlevé une source, et en ont formé un bassin en faveur de Gotama, pressé par la soif : ils sont ainsi venus à son secours, et le zèle de ces brillants protecteurs a comblé les vœux du prophète.

12. Donnez au serviteur qui vous célèbre ces biens qui vous appartiennent, et qui sont de trois espèces[3]. Marouts, répandez ces biens sur nous ; (dieux) bienfaisants, accordez-nous une heureuse opulence et une nombreuse famille !


HYMNE VI.

Aux Marouts, par Gotama.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Brillants Marouts, celui dont vous visitez la maison, et dont le soma vous fait descendre du ciel, peut se glorifier d’avoir de puissants protecteurs.

2. Venez prendre votre part de nos sacrifices, ô Marouts, et entendez la voix suppliante du prêtre !

3. Celui qui vous honore par des offrandes, et dont le prêtre attire votre attention, verra ses étables remplies de vaches.

4. Voici un homme de cœur, dont le cousa, dans les jours de fête, est couvert de libations toutes prêtes, et dont on vante les hymnes et les offrandes.

5. Que les Marouts écoutent favorablement la prière ; qu’ils acceptent aussi les offrandes de ce (mortel) que sa position élève au-dessus de tous les autres, et même jusqu’au soleil.

6. Grâce à votre sage protection, ô Marouts, nous avons pu vous honorer par d’abondantes libations.

7. Ô Marouts, ô vous qui êtes dignes de nos sacrifices, qu’il soit fortuné le mortel dont vous agréez les offrandes !

8. Héros doués d’une force véritable, accomplissez le vœu de celui qui vous implore en chantant vos louanges, et vous faisant des libations de beurre.

9. Manifestez cette force véritable que vous possédez, et d’un (trait) puissant et lumineux percez le Rakchasa.

10. Repoussez au sein des ténèbres l’obscurité, qui n’en doit pas sortir. Chassez tous nos ennemis, et faites-nous la lumière que nous désirons.


HYMNE VII.

Aux Marouts, par Gotama.

(Mètre : Djagatî.)

1. Terribles et robustes, bruyants, invincibles, forts par leur union, amis de nos offrandes, ho-

  1. Une des formes du Soleil.
  2. Dans le style poétique, ce miracle est tout simple : les Marouts ont soulevé dans l’air et ensuite ouvert une montagne d’eau, c’est-à-dire un nuage. Mais cela ne suffisait pas aux légendaires. Ils disent donc que le Richi Gotama ayant soif, demanda de l’eau aux Marouts. À quelque distance était un étang ; les Marouts enlevèrent l’eau, et vinrent la verser dans une auge qu’ils creusèrent à côté du saint. On raconte autrement qu’ils enlevèrent un puits, et le transportérent dans l’ermitage de Gotama, et qu’au milieu de leur route, contrariés par une montagne, ils la fendirent. Ce Gotama est plus ancien que le Gotama auteur de cet hymne. Voy. p. 79, col. 1, note 1.
  3. C’est-à-dire les biens qui viennent de la terre, du ciel et de l’air. Voy. p. 63, col. 1, note 2 ; p. 51, col. 2, note 2 et p. 56, col. 2, note 4.