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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE XVI.

Aux Ribhous, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. J’ai tout préparé pour l’œuvre (sainte) ; un nouvel hymne est chanté en l’honneur (des êtres divins). Cette mer (de soma) est versée pour tous les dieux. Ô Ribhous[1], réjouissez-vous de nos hommages !

2. Ô fils de Soudhanwan, ô vous qui, comme moi, descendez d’Angiras, vous n’aviez pas votre part aux offrandes[2] ; vous vous êtes rendus, pour vous la procurer, dans la demeure du généreux Savitri : vous comptiez (avec raison) sur vos mérites.

3. Et Savitri vous a donné l’immortalité, quand vous êtes venus vous mettre au service du (dieu) qui ne peut rester caché. C’est alors que la coupe d’Asoura[3], qui contenait les offrandes et qui était unique, vous l’avez divisée en quatre parties[4].

4. Prêtres accomplissant les saintes cérémonies avec diligence, quoique mortels, les Ribhous ont obtenu l’immortalité. Ces fils de Soudhanwan, (établis) dans le disque solaire et brillants comme l’astre du jour, sont invoqués par nos prières.

5. Les Ribhous ont partagé la coupe du sacrifice, comme avec un instrument tranchant on partage la terre. Loués et puissants à l’égal (des autres dieux), ils obtiennent, parmi les mortels, les offrandes qu’ils ont désirées.

6. Ainsi, en l’honneur de ces princes de l’air, nous offrons, par le moyen de la science, la prière, comme, par le moyen de la cuiller (sacrée), on offre le beurre du sacrifice. Les Ribhous, s’unissant aux vives clartés du père (de la nature), s’élèvent dans l’air pour alimenter le soleil.

7. Ribhou est pour nous un maître dont la force est toujours nouvelle : Ribhou nous accorde des aliments et des trésors ; il est notre refuge, notre bienfaiteur. Ô dieux, puissions-nous, avec votre secours et dans un jour favorable, attaquer les armées des impies !

8. Ô Ribhous, vous avez de la peau (d’une vache morte) couvert une vache (nouvelle), et rendu ainsi une mère au jeune veau[5]. Nobles fils de Soudhanwan, dans une pieuse intention vous avez donné la jeunesse à votre père et à votre mère, accablés sous le poids des ans[6].

9. Ô Indra, viens avec les Ribhous ! Donne-nous notre part dans les aliments que tu dispenses (aux hommes), accorde-nous l’abondance de tous les biens divers. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE XVII.

Aux Ribhous, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les Ribhous[7], savants ouvriers, ont construit (pour les Aswins) un char dont les roues sont merveilleuses. Ils ont donné pour le char d’Indra des coursiers qui répandent le trésor de l’abondance. Ils ont rendu la jeunesse à leurs parents. Ils ont pour un jeune veau créé une nouvelle mère.

2. En faveur de notre sacrifice, donnez-nous une nourriture abondante ; en faveur de nos hommages et de nos offrandes, accordez-nous une opulence que soutiennent de nombreux enfants. (Faites) que nous soyons entourés d’un peuple de héros. Pour notre bonheur, entourez-nous de force et de puissance.

3. Nobles Ribhous, donnez-nous la richesse, donnez-nous des chars, des chevaux ; donnez-nous la victoire. Que chaque jour on vante notre puissance, et que, seuls ou aidés de nos amis, nous soyons forts dans les combats.

4. J’appelle à notre secours Indra (appelé) Ribhoukchas, les Ribhous, les Vâdjas[8], les Ma-

  1. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  2. Les Ribhous ont été élevés à la qualité de dieux, et ont eu dans les sacrifices leur part d’offrandes et d’invocations. On les a identifiés avec les rayons du soleil. C’est avec cette idée qu’il faut entendre cette strophe. Nous avons vu que les poètes du Rig-Véda ont divinisé, sous la dénomination de Déva, les diverses parties du sacrifice et les formules de prières. Les Ribhous ne seraient-ils pas les rites employés pour faire passer les clartés d’Agni dans le soleil ? Ne seraient-ils pas ces ayons du sacrifice partant pour aller illuminer le disque solaire ? On peut concevoir comment les auteurs de cette partie du rituel ont dû laisser leur nom à ces cérémonies, et par quelle confusion d’idées on a dit que des hommes ont reçu le titre de dieux.
  3. Asoura employé ici pour un nom du soleil.
  4. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  5. Voy. p. 51. c. 1, note 1. La légende raconte que la vache d’un Richi vint à mourir, et qu’en voyant le veau privé de sa mère, le saint homme s’adressa aux Ribhous. Ceux-ci firent une autre vache, qu’ils couvrirent de la peau de celle qui était morte.
  6. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  7. Voy. p. 51, c. 1, note 1, et hymne 1 de cette lecture.
  8. Ordinairement on compte trois Ribhous : Ribhou, Vibhwan et Vâdja. Ici, l’auteur semble faire deux classes de ces personnages, appelés les uns les Ribhous, les autres les Vâdjas. Ce dernier mot, qui signifie offrande, semble confirmer les remarques de la page 108, col. 1, note 2.