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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

17. La fille du Soleil[1], portée au but par la vitesse de votre cheval, monta triomphante sur votre char, et les cœurs de tous les dieux l’y suivirent. (Déités) véridiques, soyez entourées de ses trésors lumineux !

18. Ô Aswins, lorsque, invoqués par le Bharadwâdja Divodâsa[2], vous visitiez sa maison, votre char apportait la richesse et l’abondance à votre ami, (ce char) que traînaient un bœuf et un squale attelés ensemble[3].

19. (Dieux) véridiques, qui amenez avec vous la richesse, la puissance, la force, qui donnez de brillants enfans et de vaillants vassaux, vous êtes venus combler de vos dons la fille de Djahnou, qui trois fois par jour vous offrait votre part du sacrifice[4].

20. Djâhoucha[5] était de toute part environné d’ennemis : (dieux) véridiques et exempts de vieillesse, vous l’avez, pendant la nuit, enlevé par la voie de l’air qui était libre, et votre char a facilement franchi les montagnes (célestes).

21. Ô Aswins ! vous avez protégé Vasa[6], et lui avez accordé mille jouissances qui se renouvelaient chaque jour. Défenseurs généreux et redoutables, vous avez, avec Indra, détruit les ennemis de Prithousravas[7].

22. Le fils de Ritchatca, Sara[8], avait soif : vous avez pour lui soulevé l’eau du fond d’un puits. (Dieux) véridiques, pour Sayou[9] fatigué, vous avez rempli la mamelle d’une vache stérile.

23. (Dieux) véridiques, le juste Viswaca, fils de Crichna, implora votre secours et célébra vos louanges. Grâce à vous, il a revu son fils, Vischnâpwa, comme (un pasteur revoit) sa brebis perdue[10].

24. Rébha[11] enchaîné, blessé, avait été jeté dans l’eau. Pendant dix nuits et neuf jours il souffrit cruellement au milieu des flots, d’où vous l’avez retiré, comme avec la cuiller du sacrifice on puise le soma.

25. Ô Aswins ! j’ai chanté vos hauts faits. Que mes désirs soient comblés ! Faites de moi un maître riche en vaches, puissant en vassaux ! Que je jouisse longtemps de la lumière, et que j’arrive à la vieillesse, comme (le soleil) à son couchant.


HYMNE V.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Aswins, l’antique sacrificateur[12] vous honore, et vous invite à vous enivrer de nos douces libations. Le lit de cousa est préparé pour vous ; les chants sont prêts. (Dieux) véridiques, venez goûter nos mets et nous apporter vos dons !

2. Puissants Aswins, sur ce char, merveilleusement attelé, plus rapide que la pensée, qui vous amène vers les hommes et qui vous conduit à la demeure du mortel religieux, venez vers notre maison !

3. Le pieux Atri, quand il était de ce monde[13], fut jeté dans une horrible prison : ô maîtres généreux, vous l’avez délivré avec sa famille, brisant les prestiges magiques de son cruel ennemi, triomphant (de ses ruses)[14].

4. Comme un coursier (tombé dans un abîme), le pieux Rébha[15] avait été, par ses ennemis, précipité dans les flots. Maîtres généreux, vous l’avez secouru et retiré tout meurtri. La mémoire de vos antiques prouesses ne périt pas.

5. Tel que (l’homme) endormi dans le sein de Nirriti[16] tel que le soleil enseveli dans l’obscu-

  1. La fille du Soleil ou du Jour (voy. lecture viii, hymne i, vers i), c’est la Nuit. Le commentateur raconte que la fille du Soleil, qu’il nomme Soûryâ, était destinée par lui à Soma. Les autres dieux la demandèrent aussi en mariage. Ils convinrent qu’elle serait le prix d’une course qui aurait pour but le soleil ; les Aswins furent les vainqueurs, et firent monter Soûryâ sur leur char. Le passage que nous expliquons a l’air d’indiquer que la fille même du Soleil, comme une autre Hippodamie, courut la chance du combat, et fut victorieuse avec l’aide du cheval des Aswins.
  2. Voy. p. 110, col. 1, note 9. J’ai pensé que le mot Bharadwâdja était patronymique. L’Agnipourâna et le Harivansa font descendre Divodâsa de Vitatha, fils de Bharadwâdja.
  3. Singulière association, qui désigne peut-être la richesse du roi de Câsi, provenant de l’agriculture et de la navigation.
  4. Djahnou est un ancien Râdjarchi de la race lunaire. Le nom de Djâhnavi, ou fille de Djahnou, est donné à la rivière du Gange.
  5. Nom de Richi. Cette légende doit être allégorique.
  6. Voy, page 109, col. 2, note 15.
  7. Prince, descendant d’Yadou, de la race lunaire.
  8. Noms de Richis.
  9. Voy. p. 110, col. 1, note 15. Je crois qu’il y a confusion entre le nom de Samyou et celui de Sayou. Voyez page 63, col. 1, note 4 ; et page 109, col. 1, note 2.
  10. Cette strophe renferme trois noms de Richis.
  11. Voy. p. 109, col. 1, note 5. Rébha fut jeté une fois dans un puits par les Asouras, et sauvé plus tard par les Aswins.
  12. C’est Agni, le dieu du feu.
  13. Traduction du mot pântchadjanya. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  14. Voy. page 73, col. 1, note 2 ; page 114, col. 1, note 4.
  15. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; et p. 115, c. 2, note 2.
  16. Voy. p. 54, col. 2, note 4; et p. 66, col. 2, note 1.