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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

haute sagesse ; oui, il les protége avec une haute sagesse.

8. Nous t’invoquons, toi, seigneur de tout ce peuple ; toi, également bon pour tous ; à toi, notre père de famille, (nous demandons) le bonheur ; oui, à toi, qui portes les paroles de la piété, (nous demandons) le bonheur. (Nous t’invoquons), toi, l’hôte des mortels, sur qui nous fondons notre espérance comme sur un père ; et tous ces (saints) ministres présentent (pour toi) ces aliments, ces holocaustes ; oui, (pour toi) et pour les (autres) dieux.

9. Ô Agni, plein de force et de splendeur, tu nais pour le service des dieux ; oui, comme un seigneur opulent pour le service des dieux. Tu t’enivres (de nos libations) pour mieux briller ; tu n’agis que pour faire preuve de force. Tes serviteurs t’honorent, (dieu) immortel ; oui, (ils t’honorent) avec la promptitude (de la confiance), (dieu) immortel.

10. Au grand, au vigoureux Agni, qui, comme l’habitant de vos étables, s’éveille avec l’aurore, rendez gloire ; oui, rendez gloire à Agni, au moment où le (père de famille) chargé d’offrandes, dans toutes les demeures, fait entendre sa prière ; où, devant lui, pareil à (l’antique) Rébha, vient élever sa voix le plus grand des chantres (divins), le plus grand des sacrificateurs.

11. Agni, toi qui te fais voir près de nous, compagnon des dieux, apporte nous avec bienveillance de grandes richesses ; oui, avec bienveillance. Tu réjouis nos yeux, tu nous combles de biens : fais beaucoup, (dieu puissant), en notre faveur, en faveur de (la mère de famille) ici présente[1], (dieu) magnifique, fais beaucoup en faveur de tes chantres. Sois terrible (pour nos ennemis), et, par ta force, détruis leur puissante lignée.


HYMNE VII.

À Agni, par Paroutchhépa.

(Mètre : Atyachtî.)

1. Il naît sous la forme de Manou[2], le premier des pontifes, Agni, sacrificateur de l’ordre des Ousidjs[3] ; oui, sacrificateur d’un ordre qui nous appartient[4]. Agissant partout avec empressement, il est pour celui qu’il aime comme un seigneur opulent. Pontife invincible, il s’asseoit au foyer du sacrifice ; oui, il s’entoure d’un cordon (lumineux) au foyer du sacrifice.

2. Nous adressons à ce maître des sacrifices un culte solennel, des invocations pieuses, et accompagnées d’holocaustes en l’honneur des dieux ; oui, accompagnées d’holocaustes. De sa flamme il enveloppe et consume les aliments qui lui sont offerts, ce dieu que Mâtariswan est venu de loin, oui, de loin, faire briller pour Manou[5].

3. Aussitôt il embrasse le (vase) de terre qui le reçoit, et, tel qu’un taureau généreux, il lui communique en grondant la semence (lumineuse) ; oui, en grondant, la semence (lumineuse)[6]. Le dieu ouvre ses cent yeux, et se jette sur le bois du bûcher ; et Agni, peu à peu gagnant les places voisines, s’étend aux places plus éloignées.

4. Pontife diligent, Agni, dans toutes les demeures, accomplit le sacrifice ; oui, par sa vertu, il accomplit le sacrifice. Par sa vertu, ce (dieu) sage donne à celui qui l’alimente la connaissance de toute la nature. Ainsi, hôte (de l’homme), nourri du beurre sacré, chargé (de nos offrandes), il naît, oui, il naît pour s’appeler Védhas[7].

5. Lorsque, dans les rayons du puissant Agni, viennent à tomber, avec un bruit comparable à celui des Marouts, les aliments, oui, les aliments destinés à (ce dieu) rapide ; alors il vient, par sa munificence, récompenser la piété. Invoqué par nous, il nous sauve du mal ; oui, invoqué par nous, (il nous sauve) de la méchanceté et du péché.

6. (Dieu) universel, immense, infatigable et protecteur, il tient (tous les biens) dans sa main

  1. Asyê m’a paru indiquer que le sacrifice pour lequel cet hymne avait été composé, était commandé par une femme. Le commentaire croit que le poëte fait ici allusion à la terre.
  2. Manou est ici un nom général qui désigne l’humanité. Agni, dans le foyer domestique, est l’ami, l’hôte, le compagnon de l’homme ; il a, en cette qualité, quelque chose d’humain.
  3. Ousidj est le nom de la mère de Cakchîvân. Les Ousidjs forment la famille de ce Richi. Voy. page 50, col. 1, note 2.
  4. Le mot swa se prête à deux sens : qui lui appartient, ou qui nous appartient, qui est dans notre nature.
  5. Mâtariswan est le dieu du vent, qui, le matin, soufflant de l’horizon, excite le feu qu’on allume pour le sacrifice. Il semble l’apporter à l’homme, autrement à Manou, instituteur des cérémonies sacrées.
  6. Cette phrase me paraît offrir un sens métaphorique, et indiquer une espèce de mariage mystérieux entre le feu et son foyer.
  7. Le mot Védhas me semble devoir signifier celui qui contient une partie de l’intelligence divine. On le rend par pradjgna, sage, intelligent. Ce nom se donne à tous les dieux.