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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.
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tel, vous donnez l’essor à la flèche d’Agni, le magnifique archer[1].

3. Nos libations augmentent la puissante vigueur de Vichnou. (Soutapas) rapproche les deux mères qui doivent heureusement produire (Agni)[2]. Et alors le (dieu) obtient trois noms : l’un inférieur, celui de fils ; l’autre supérieur, celui de père ; et le troisième, qu’il possède dans la région lumineuse[3] du ciel.

4. C’est cette vigueur de Vichnou que nous chantons : (Vichnou) est maître, sauveur, bienfaiteur libéral. En trois pas il parcourt le monde, pour y répandre au loin et la vie et sa gloire.

5. Deux des stations de ce dieu touchent au domaine des mortels. La troisième est inaccesible à tous, même à l’oiseau qui vole.

6. Il fournit quatre-vingt-quatorze carrières[4], pareilles à la roue qui tourne. Son large corps a été par les poëtes divisé en plusieurs parties. Toujours jeune et florissant, il vient à notre appel.


HYMNE XX.

À Vichnou, par Dîrghatamas.

(Mètre : Djagatî.)

1. Sois facile comme un ami, heureux de nos libations de beurre, magnifique, accessible et généreux. C’est ainsi, ô Vichnou, que la louange sera célébrée par le sage, et que le riche offrira l’holocauste en ton honneur.

2. L’homme qui honore Vichnou antique et nouveau, (Vichnou) qui embrasse tout et qui naît pour le bonheur du monde, (l’homme) qui chante la grande naissance du grand (dieu), obtient certainement l’abondance.

3. Chantres éclairés, célébrez l’avénement de ce (dieu) antique, enfant du sacrifice, et, reconnaissant sa puissance, dites : « Ô Vichnou, tu es grand, et nous implorons ta bonté. »

4. Que le royal Varouna, que les Aswins prennent leur part du sacrifice offert à, ce Vichnou, qui soutient tout, et que les Marouts accompagnent. Vichnou a développé la force suprême qui fait briller le jour, et, uni aux (Marouts) ses amis, il a ouvert le pâturage (céleste).

5. Que le divin Vichnou, plus puissant que le puissant Indra, daigne se joindre à lui ! que le (dieu) sage qui siége en trois stations se plaise à notre sacrifice, et permette à l’Arya, qui le lui offre, d’en recueillir le fruit !


HYMNE XXI.

Aux Aswins, par Dîrghatamas.

(Mètre : Djagatî.)

1. Agni s’éveille sur son (siége) de terre ; le Soleil arrive ; la grande et brillante Aurore apparaît avec éclat. Les Aswins attellent leur char. Le divin Savitri a enfanté les deux parties de l’univers.

2. Ô Aswins, pendant que vous attelez vos généreux coursiers, versez sur nos champs le beurre et le miel. Accueillez nos prières, et secourez-nous dans les combats. Puissions-nous obtenir les riches dépouilles de nos ennemis !

3. Qu’il marche en avant, ce char des Aswins, attelé de rapides coursiers, chargé de biens savoureux, objet de tant de louanges ; (ce char) à trois roues et à trois siéges, magnifique et garni de toute espèce de richesses ; qu’il apporte le bonheur et pour nous et pour tous les êtres animés !

4. Ô Aswins, amenez-nous la force, et agitez sur nous votre fouet, d’où s’épand une douce abondance. Prolongez notre vie, effacez nos fautes, frappez nos ennemis, soyez toujours avec nous.

5. Vous portez la fécondité au sein des mères ; vous êtes au centre de tous les mondes. Généreux Aswins, on vous doit (ici) la présence d’Agni, des ondes (sacrées) et du bûcher.

6. Vous connaissez la médecine et la vertu des plantes ; vous êtes aussi habiles à conduire les chars. (Dieux) terribles, vous êtes les maîtres de la richesse. (Protégez) celui qui vous offre, avec sa prière, le don de son holocauste.




LECTURE TROISIÈME.

HYMNE I.

Aux Aswins, par Dîrghatamas.

(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. (Dieux) protecteurs et terribles[5], sages, puis-

  1. Agni porte sur ses flammes, qui sont ses flèches, les vœux des mortels adressés aux dieux, ou bien il lance ces mêmes flammes contre leurs ennemis.
  2. Le commentaire entend cette phrase de Vichnou, qui fait apparaître le Ciel et la Terre, grands parents de la Nature.
  3. Ce passage m’a paru difficile. Voici comme je le comprends. Agni doit être considéré sous trois rapports : comme fils de l’aranî, comme père du ciel et de la terre, et enfin comme Vichnou illuminant le ciel. Il serait absurde de trouver ici la moindre allusion au dogme d’une trinité quelconque.
  4. Voici les noms et les nombres de ces 94 périodes : 1 an, 2 ayanas ou demi-années, 5 ritous ou saisons, 12 mois, 24 pakchas ou demi-mois, 30 jours, 8 yâmâs ou heures, 12 lagnas ou divisions de l’équateur. Dans ce calcul je trouve 5 saisons ; je serais porté à n’en compter que 4, et à ajouter aux 12 mois le mois supplémentaire.
  5. Ces deux mots traduisent les mots Vasou et Roudra, que le poëte attribue ici aux Aswins, et qui appartiennent à deux classes particulières de dieux.