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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.


11. Ô Marouts, cet éloge et cet hymne d’un respectable poëte s’adressent à vous. Il a voulu vous plaire. Venez avec l’abondance, en étendant vos réseaux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE III.

Aux Marouts, par Agastya.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Vous accourez d’une ardeur égale à tous les sacrifices. Amis des Dévas, vous accueillez les prières qu’ils vous adressent successivement. Venez pour le bien de la terre et du ciel ; par des chants harmonieux je vous appelle à notre secours.

2. Les Marouts naissent d’eux-mêmes, et se donnent une forme : impétueux et forts, ils produisent (pour nous) l’abondance et la prospérité. Ils se multiplient comme les flots des ondes (célestes) ; et si elles sont des vaches fécondes, ils en sont les taureaux.

3. Tels que les libations aux rayons joyeux, et si douces au cœur, tels que les rites (sacrés), ils apparaissent (pour notre joie). Les bracelets résonnent comme en se jouant sur leurs membres, et dans leurs mains brille le glaive.

4. Ces immortels, unissant leurs efforts, descendent rapidement du ciel. Leur fouet a retenti de lui-même. Les Marouts ont fait briller leurs armes, et, robustes combattants, ils ont ébranlé les plus forts obstacles.

5. Ô Marouts qui pour lance avez l’éclair, qui donc, au milieu (des airs), vous détache, de même que la langue sépare les deux mâchoires ? Vous arrivez du ciel comme pour nous apporter notre nourriture, aussi fidèlement empressés que le cheval chargé chaque jour (de nos provisions).

6. Que devient, ô Marouts, ce grand monde supérieur ? que (devient) cette terre où vous descendez, quand vous agitez tout comme des brins d’herbe, et qu’avec la foudre vous envahissez l’océan de lumière ?

7. Ô Marouts, votre libéralité, qui s’épuise en largesses, est pleine de force, d’éclat et de splendeur. C’est pour nous un fruit heureusement mûr. Elle met (nos maux) en poussière. Belle comme la sainte donation, elle est sûre d’être partout victorieuse ; elle est féconde, et pleine de votre esprit vital.

8. Les mers s’arrêtent étonnées, quand, au bruit de la foudre, (les Marouts) mêlent leur voix de tempête. L’éclair sourit de les voir arroser la terre du beurre des (nuages).

9. C’est Prisni[1] qui a enfanté pour le grand combat l’armée brillante des rapides Marouts. Ils engendrent la Nue, dont ils prennent la forme, et cherchent de tout côté l’offrande qu’ils désirent, (et que leur doit la piété).

10. Ô Marouts, cet éloge et cet hymne d’un respectable poëte s’adressent à vous. Il a voulu vous plaire. Venez avec l’abondance, en étendant vos réseaux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE IV.

À Indra, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Indra, s’il est vrai que tu couvres (les hommes) ici présents d’une protection aussi grande que tu es grand toi-même, (dieu) prudent, accorde-nous, dans ta sagesse, les biens des Marouts, (ces biens) que tu estimes.

2. Qu’ils secondent ton œuvre universelle, ô Indra, (ces dieux) qui connaissent et poursuivent l’intérêt des mortels, cette terre riante des Marouts, qui nous livrent les dépouilles heureuses de leurs combats.

3. Indra, tu as lancé ton trait, et aussitôt les Marouts nous ont jeté l’onde. Cependant Agni, brillant sur son foyer, embrasse les offrandes, comme les eaux embrassent une île.

4. Indra, donne-nous ces richesses ; qu’elles soient un présent de ta puissante munificence. (Dieu) rapide (comme le vent), jouis des louanges qu’on t’adresse et des offrandes (qu’on te présente), de même que l’estomac (se plaît) au miel (qu’on lui donne).

5. En toi, Indra, (se trouvent) les biens les plus désirables, et dignes de plaire à l’homme pieux. Qu’ils nous favorisent aussi, ces dieux Marouts qui semblent aimer le mouvement !

6. Viens, Indra, et amène près de ce foyer de terre ces nobles héros qui nous envoient la pluie surtout quand ces (grandes masses) aux larges

  1. Ce mot, qui signifie brillant, s’applique tantôt à la Terre, tantôt au Ciel, quelquefois à Aditi. Le commentaire dit ici : Prithivî nânâvarnâ, terra multicolor. Quoique les vents se jouent dans l’air, il semble qu’on les a faits de préférence enfants de la terre. Voyez page 53, col. 1, note 5 ; page 66, col. 1, note 1.