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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.


4. Détruis l’homme qui s’abstient de faire des libations, de même que le méchant (Asoura) qui ose t’attaquer ! Donne-nous le bien de cet (Asoura) : tel est l’espoir du père de famille.

5. Compagne des hymnes chantés en l’honneur de cet Indra qui habite et le ciel et l’air, (heureuse) boisson, sauve dans les combats celui qui présente ces offrandes !

6. Indra, tu as fait le bonheur de tes chantres anciens ; tu as été pour eux ce que l’eau est pour l’homme altéré. Je t’offre cette prière. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XII.

À Indra, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Qu’il vienne) cet Indra partout adoré, cet ami des hommes, ce bienfaiteur des nations, ce roi du peuple. Charmé de nos louanges et de nos offrandes, viens avec puissance auprès de moi ; attelle tes généreux coursiers.

2. Monte donc, Indra, sur ces coursiers attachés au sacrifice, nobles (coursiers) qui répandent la richesse, et traînent un char chargé de trésors. Viens vers nous avec eux. Nous t’invoquons, Indra, en faisant des libations de soma.

3. Monte sur ton char, source pour nous de prospérité : un abondant soma est versé en ton honneur, de douces offrandes sont présentées. Bienfaiteur de la terre, attelle tes généreux coursiers, et viens rapidement auprès de moi.

4. Vois, Indra, ce sacrifice préparé pour les dieux, cette réunion, ces chants, ce soma. Ô Sacra, viens t’asseoir sur ce gazon qui jonche la terre, et bois (de nos liqueurs). Amène ici tes chevaux azurés.

5. Content de nos louanges, accours ici, ô Indra ! (écoute) les chants de notre respectable poëte. Pour prix de nos hymnes, puissions-nous obtenir secours et sécurité ! Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XIII.

À Indra, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, si cet hymne arrive jusqu’à toi, accorde ton secours à ceux qui te chantent. Ne trompe pas les vœux des (serviteurs) qui t’exaltent. Que j’obtienne de toi tout ce que peut souhaiter un homme !

2. Certainement le royal Indra ne saurait laisser inutiles ces sacrifices qu’avec tant de dévouement vous lui offrez sur ce foyer. Des libations fortifiantes ont coulé pour lui. Indra viendra, fidèle à notre amitié, et (avec lui) ses compagnons ailés.

3. Qu’Indra accompagné des Marouts, que ce héros vainqueur dans les combats écoute l’invocation du poëte qui le supplie. Qu’il pousse son char près de son serviteur ; qu’il vienne avec empressement recueillir ses prières.

4. Qu’ainsi, goûtant avec les Marouts de nos offrandes qu’il aime et qu’il désire, Indra triomphe de nos ennemis. Dans un pieux accord unissant toutes les voix, l’hymne du sacrificateur, au sein de cette assemblée, vous recommande ces offrandes.

5. Ô magnifique Indra, puissions-nous, aidés de toi, vaincre de superbes ennemis ! Tu es notre sauveur ; augmente notre fortune. Que nous connaissions la prospérité, la gloire et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XIV.

Lopâmoudrâ et Agastya, par Agastya.

(Mètres : Trichtoubh et Vrihatî.)

1. (Lopâmoudrâ[1] parle.) « Les soins qu’exigent les libations[2] m’ont longtemps occupée ; les nuits, les aurores se sont succédé pour moi dans la fatigue. Le travail mine la beauté. Qu’en ce moment les maris se réunissent à leurs épouses.

2. « Les anciens, accomplissant les rites sacrés, conversaient avec les dieux. Leur vigueur se consumait, mais elle ne s’éteignait pas. Qu’en ce moment les épouses se réunissent à leurs maris. »

3. (Agastya parle.) « Mes fatigues ne sont pas vaines ; et si les dieux me gardent, nous pouvons

  1. Lopâmoudrâ est l’épouse d’Agastya. Cet hymne est une invitation faite à Agastya par Lopâmoudrâ pour le sacrifice. Il me semble renfermer certaines allusions hardies que repousse la pudeur française : c’est un dialogue allégorique entre la prière et la libation. Le mot vrichan, que je traduis par mari, représente le breuvage sacré ; et son épouse, c’est la prière, à laquelle il doit s’associer. Au moment des sacrifices, les femmes étaient chargées de préparer les libations, et d’aller sur la montagne rechercher la plante qui servait à faire le soma. Voilà pourquoi Lopâmoudrâ débute par se plaindre de sa fatigue.
  2. Saradah, rendu encore ici par libation.