Page:Langlois - Rig Véda.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

wins ; honorez Poûchan, car ces (dieux) sont doués de puissance. Invoquez le clément Vichnou, le Vent, Ribhoukchas[1] ; que les dieux nous accordent la félicité !

11. (Dieux) adorables, c’est pour vous que s’allume la flamme de ce (sacrifice) : qu’elle soit une source de vie, une cause de stabilité, (cette flamme) que les Dévas disposent dans la vue d’obtenir la fortune ! Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE IV.

Au Dieu de l’offrande[2], par Agastya.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Je chante (le dieu) des offrandes, qui est le soutien et la force du monde : c’est par la puissance de ce (dieu) que Trita[3] a déchiré les membres de Vritra.

2. Douce (divinité) des offrandes, aussi douce que le miel, nous t’honorons ; protége-nous.

3. (Divinité) des offrandes, viens à nous ; montre-toi, par tes heureux secours, bonne, propice, amie, secourable, utile et constante.

4. À toi, (divinité) des offrandes, sont ces douces émanations qui montent dans les airs, ces esprits qui semblent se réfugier dans le ciel.

5. Ils sont à toi, (divinité) des offrandes ; ils sont à toi, divinité suave ; car c’est toi qui les donnes. Ceux qui respirent ces vapeurs s’en vont la tête levée[4].

6. (Divinité) des offrandes, tu es l’amour des grands dieux. Rien n’est beau que sous ton étendard. C’est avec ton secours qu’(Indra) a tué Ahi.

7. (Divinité) des offrandes, quand les montagnes (célestes) viennent briller de ta substance, alors, douce divinité, redescends vers nous après les avoir suffisamment nourries.

8. Si nous avons, autour de nous, diminué l’heureuse abondance des ondes et des plantes, deviens Vâtâpi[5] ; gonfle-toi pour nous.

9. Ô Soma[6], si nous t’avons donné la pure substance de nos vaches, deviens Vâtâpi ; gonfle-toi pour nous.

10. Ô plante (qui dois servir pour nos libations)[7], prends la forme de nos gâteaux (sacrés)[8] ; large, salutaire, aérienne, deviens Vâtâpi ; gonfle-toi pour nous.

11. (Divinité) des offrandes, comme la vache offre son lait pour l’holocauste, nous t’offrons aussi, toi-même en même temps que la Prière, pour que tu fasses le bonheur des dieux, pour que tu fasses aussi le nôtre.


HYMNE V.

À Agni, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Dieu) mille fois vainqueur, les Dévas[9] viennent de t’allumer aujourd’hui ; tu règnes avec splendeur. Sois notre sage messager, et transporte nos holocaustes.

2. Tanoûnapât[10] arrive dans son foyer ; le sacrifice est couvert du miel (des offrandes), il reçoit des milliers de (pieux) présents.

3. Invoqué par nous, (dieu) digne d’être célébré, amène les (autres) dieux que doivent honorer nos sacrifices. Agni, tu nous accordes des biens innombrables.

4. (Les prêtres) ont étendu et tourné vers l’orient ce cousa, dont la vertu est si prodigieuse : (ils l’ont dirigé) vers le côté où vous régnez, ô Adityas !

5. Ô roi et souverain seigneur, les libations ont coulé vers les portes (de votre domaine), si hautes, si puissantes, si nombreuses, si abondantes.

6. Que les deux Crépuscules viennent prendre leur place (à notre sacrifice), beaux et brillants des lueurs (d’Agni).

  1. Nom d’Indra.
  2. Anna devatâ, appelé aussi Pitou.
  3. Voy. page 74, col. 1, note 4 ; et page 104, col. 2, note 3.
  4. Démarche naturelle à ceux qui respirent une odeur dans l’air.
  5. Vâtâpi est le nuage que le vent pousse, et dont il augmente le volume. Les Pourânas contiennent une légende de Vâtâpi et d’Agastya. Le commentaire donne Vâtâpi pour une forme de Pitou, dieu des offrandes.
  6. Le dieu de la libation, que le commentateur veut distinguer de Pilou.
  7. Le poëte désigne la somalatâ, qui est la sarcostema viminalis, ou l’asclepias acida, et, sans doute aussi, les autres végétaux qui peuvent être employés à former la matière des offrandes.
  8. Le nom de ces gâteaux est carambha ; ils sont faits de fleur de farine et de caillé. Il me semble que la forme de ces gâteaux est celle que doit présenter le nuage que les vapeurs des offrandes contribuent à former.
  9. Je rappellerai au lecteur que, par le mot déva, j’entends les ministres du sacrifice, ou bien ces êtres divinisés qui représentent les rites et les hymnes.
  10. Nom d’Agni. Voy. page 47, col. 2, note 3.