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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

Pour prix de nos offrandes, Indra, donne-nous la jouissance d’une lumière tranquille : épargne-nous les longues et mortelles nuits !

15. Le ciel et la terre s’entendent pour combler de biens votre serviteur. La pluie tombe pour lui du haut des airs, et augmente sa prospérité. Il va, dans les combats, conquérant deux heureuses demeures, qui lui sont également assurées[1].

16. Ô Adityas dignes de nos hommages, puissé-je, comme un écuyer sur son char, passer à travers les embûches magiques que tend votre ennemi, à travers ces chaînes que prépare sa haine ! Que (des dieux) invincibles comme vous nous prennent sous leur vaste protection !

17. Ô royal Varouna, que je n’aie point à déplorer la perte d’un ami, d’un parent tel que toi riche et magnifique, ni la funeste ruine de ma fortune ! Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans les sacrifices !


HYMNE V.

À Varouna, par Courma.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Mon hommage s’adresse au sage et puissant Aditya, qui par sa grandeur s’élève au-dessus de tous les êtres, à ce dieu qui fait la joie de son adorateur. Je veux chanter la gloire de l’illustre Varouna.

2. Ô Varouna, puissions-nous être heureux de te servir, de te prier, de te louer ! Chaque jour, au lever des fécondes Aurores, nous te chantons, allumant en ton honneur les feux d’Agni.

3. Ô Varouna, toi qui es notre guide, nous nous plaçons sous la protection d’un (dieu) qui est entouré de tant de puissance et orné de tant de louanges. Fils d’Aditi, dieux invincibles, ayez pitié de vos amis.

4. Déjà de tout côté l’Aditya, soutien (du monde), a fait naître le feu du sacrifice ; en l’honneur de Varouna s’épandent les libations. Sans fatigue, sans relâche, elles coulent, et vont rapidement, comme pour le nourrir, au sein du (dieu) qui tourne autour (de la terre)[2].

5. Délivre-moi des liens du mal. Ô Varouna, puissions-nous recueillir le fruit de notre sacrifice ! Que cette toile qu’a tissue la prière ne soit pas déchirée ! Que le résultat de nos œuvres passées ne se trouve pas perdu !

6. Ô Varouna, ô roi juste, éloigne ma crainte, et traite-moi avec faveur ! Délivre-moi du mal, comme (on délivre la vache) de son veau. Personne ne saurait te faire baisser les yeux.

7. Varouna, toi qui donnes la vie, ne m’accable pas de ces traits destinés à l’impie. Ne nous laisse pas aller jusqu’aux frontières extrêmes de la lumière. Assure notre vie en brisant nos ennemis.

8. Ô Varouna, toi qui si souvent as manifesté ta puissance, nous t’avons jadis adressé nos hommages ; nous venons encore te les adresser. (Dieu) invincible, nos œuvres s’appuient sur toi comme sur un roc solide.

9. Acquitte les dettes que tu as contractées avec moi. Ô roi, je ne demande pas le fruit de ce qu’un autre a pu faire ! Ô Varouna, bien des aurores doivent encore se lever, pour lesquelles je te prie de nous conserver !

10. Ô royal Varouna, qu’un parent ou un ami ait pu m’épouvanter en songe ; qu’un brigand, qu’un malfaiteur ait le dessein de me nuire, protége-moi contre eux !

11. Ô royal Varouna, que je n’aie point à déplorer la perte d’un ami, d’un parent, tel que toi riche et magnifique, ni la funeste ruine de ma fortune ! Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans les sacrifices !


HYMNE VI.

Aux Viswadévas, par Courma.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rapides Adityas, qui êtes fermes dans vos œuvres, éloignez de moi le mal, comme la malheureuse mère éloigne d’elle son fruit illégitime. Varouna et Mitra, et vous, dieux, qui m’entendez, je vous appelle à mon secours ; c’est à vous qu’un sage demande le bonheur.

2. Dieux secourables, vous êtes la sagesse et la force mêmes : faites disparaître nos ennemis ; soyez, et aujourd’hui et dans la suite, pleins de bonté et de pitié pour nous.

  1. J’entends, par ces deux demeures, la demeure terrestre et la demeure céleste, obtenues l’une par ses armes, l’autre par sa piété.
  2. Le commentateur entend tout ce passage des eaux de la pluie que Varouna envoie du ciel. Ce dieu qui tourne autour de la terre, c’est Agni (Parigman). C’est aussi une épithète de l’air, et l’on pourrait dire que les libations s’élèvent dans l’air, sous la forme de vapeurs : car, au lieu de ces mots comme pour le nourrir, on peut dire aussi comme un oiseau. Le commentateur, dans son système, veut que parigman s’entende de la terre.