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[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

sacre le nom) d’Ilâ[1]. Brille avec toute ta pompe, ô Agni, dans ces lieux qu’habitent les enfants de Manou, aux bords de la Drichadwati, de l’Apayâ et de la Saraswatî[2].

5. Ô Agni, en échange de nos invocations, fais que la terre soit à jamais libérale pour nous, et féconde en troupeaux ! Que nous ayons une belle lignée d’enfants et de petits-enfants ! Ô Agni, que ta bonté soit avec nous !


HYMNE XVIII.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètres : Anouchtoubh et Gâyatrî.)

1. Agni, triomphe des armées, éloigne les ennemis. Par ta force invincible tu renverses tes adversaires. Brille pour celui qui t’apporte son offrande.

2. Agni, tes feux sont allumés sur (le foyer) de terre[3]. Pontife immortel, ami du Sacrifice, réjouis-toi de nos hommages.

3. Agni, éveille-toi avec éclat. Enfant de la Force, je t’appelle ; viens t’asseoir sur mon cousa.

4. Agni, avec tous tes Feux divins, ministres des sacrifices, accomplis le vœu de nos prières.

5. Agni, donne à ton serviteur une opulence forte et brillante. Fais-nous riches en enfants.


HYMNE XIX.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètre : Virât.)

1. Agni, tu es sage et prudent ; tu possèdes tous les biens. Tu es fils du Ciel, fils de la Terre[4]. Honore ici tous les dieux.

2. Le sage Agni donne des forces (à l’homme) ; il est l’ornement (du monde), et transmet aux Immortels nos offrandes. (Dieu) opulent, amène ici vers nous tous ces dieux.

3. Le prévoyant Agni illumine le Ciel et la Terre, divins et immortels parents de la Nature. Il est magnifique ; il règne, environné d’offrandes et de mets (sacrés).

4. Agni et Indra, venez ici, dans la demeure de votre serviteur, qui a préparé les libations. (Venez) boire son soma, dieux cléments.

5. Agni, enfant de la Force, (dieu) possesseur de tous les biens, tes feux s’allument sans relâche dans le séjour des Ondes (divines)[5]. Tes (clartés) secourables embellissent les mondes.


HYMNE XX.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Enfants de Cousica[6], l’âme pleine de vénération, et (les mains) chargées d’offrandes, priant, et animés par l’espoir, nous invoquons Agni (surnommé) Vêswânara[7], dieu juste, maître du bonheur, bienfaisant, rapide, digne de notre amour.

2. Nous appelons à notre secours l’adorable, le brillant Agni, (que nous nommons) Vêswânara, Mâtariswan[8], Vrihaspati[9]; (nous invitons) à cette fête, que Manou[10] prépare pour les dieux, l’hôte sage et actif qui daigne écouter (nos prières).

3. Tel que le coursier hennissant qui s’enflamme aux feux de ses cavales, Vêswânara est d’âge en âge allumé par les enfants de Cousica. Qu’Agni, éveillé au milieu des Immortels, nous accorde une heureuse génération d’enfants vigoureux et de chevaux excellents.

4. Que les Feux rapides s’avancent, unis à l’é-

  1. On a vu, page 59, col. 2, note 3, que la fille de Manou se nommait Ilâ. On sait aussi (voy. ibid. et page 43, col. 1, note 1) que le mot Ilâ s’emploie pour désigner l’hymne et la déesse de la prière. De plus, la mythologie raconte que la terre, nommée Prithivî, fut changée en vache : or, Ilâ est encore un des noms de la terre et de la vache. Avec ces diverses acceptions données à un même mot, il est difficile de se déterminer pour le sens de cette phrase. J’ai entendu qu’il s’agissait ici du counda dans lequel est allumé le feu du sacrifice ; mais je ne serais pas étonné que le poëte, fidèle au goût de sa nation, qui aime assez les jeux de mots, eût en même temps voulu indiquer un point géographique, la terre d’Ilâ. Parmi les neuf varchas ou divisions du Djambou-Dwîpa se trouve une contrée appelée Ilâvrita. Le vers suivant complète quelques notions sur la position de cette région, également décrite dans le deuxième livre des Lois de Manou, sl. 17 et suivants, où elle est nommée Bramâvartta.
  2. La Drichadwatî est le Caggar, et la Saraswatî, la Sarsoutî. Je ne sais quelle est la rivière qui portait le nom d’Apayâ.
  3. Le mot Ilâ est encore employé ici pour signifier terre : le commentaire le rend par Outtarâvédî.
  4. Il faut se rappeler qu’Agni est considéré comme brillant au ciel et sur la terre, soit comme Aditya et Vêdyouta, soit comme Ahvanîya.
  5. Le commentateur pense que le séjour des Ondes, c’est l’air, Antarikcha. Je crois qu’il est ici question des ondes du sacrifice, des libations.
  6. Voy. page 46, col. 2, note 1. Viswâmitra est un fils de Gâdhi ; ses enfants par conséquent descendent de Cousica.
  7. Ce mot signifie ami de tous les hommes.
  8. Ce mot désigne ordinairement le vent, et se traduit par cette idée : s’agrandissant au sein de l’air. Ce sens convient également à Agni, surtout à Agni Vêdyouta, et je pense que c’est à lui qu’il faut l’appliquer ici.
  9. Vrihaspati est un nom d’Agni, et signifie maître du sacrifice étendu, comme s’il y avait Vrihatas pati.
  10. Nom générique pour signifier l’homme.