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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

a ouvert de riches trésors, et, en même temps qu’il frappait les Dasyous, il a sauvé la tribu[1] des Aryas.

10. Indra a donné les plantes et les jours ; il a donné les arbres[2] et l’air. Il a brisé Bala, et a ôté la voix (aux Asouras). Il a dompté les forts.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VI.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les chevaux sont attelés à ton char, arrête-toi. Viens vers nous, comme le Vent (court) vers ses cavales. Ô Indra, nous t’invitons à boire notre libation ; nous donnons la Swâhâ pour satisfaire à ta soif.

2. En l’honneur du (dieu) que le monde invoque, j’ai attelé à son char ses deux coursiers rapides. Qu’ils nous amènent Indra à ce sacrifice où nous accumulons les offrandes.

3. Pousse près de nous ces (chevaux) qui répandent l’abondance, et nous protégent contre l’ennemi. Sois notre défenseur, ô (dieu) bienfaisant, et emporte notre Swadhâ[3]. Envoie tes chevaux rougeâtres ; qu’ils viennent manger ici, et (toi-même) nourris-toi également chaque jour de nos beignets[4].

4. Avec la Prière, j’attelle pour le sacrifice tes chevaux rapides, amis de (l’homme), charmés de nos libations. Sage et prévoyant Indra, monte sur ton char solide et fortuné, et viens (boire) notre soma.

5. Que d’autres par leurs sacrifices n’aillent point attirer tes coursiers bienfaisants et superbes. Viens ; nous nous empressons de t’honorer par de continuelles libations.

6. Ce soma est pour toi ; approche-toi des offrandes que ce (père de famille) renouvelle sans relâche, et bois avec bonté. Ô Indra, présent à notre sacrifice, assis sur ce gazon, fais descendre cette liqueur dans ta vaste poitrine.

7. Pour toi ce gazon a été étendu, ô Indra, ce soma a été versé ; cette orge a été préparée pour tes chevaux. Viens donc en notre demeure, tout-puissant bienfaiteur, (viens) accompagné des Marouts. L’holocauste est disposé pour toi.

8. Ô Indra, (les plantes) des montagnes, les Ondes, (le lait) des vaches, (et les soins) de nos prêtres, tout a concouru à former ce (soma), aussi doux que le miel. Viens, (dieu) grand et bon, sage et prévoyant, suis la route que t’indiquent nos hymnes, et bois de ce (soma).

9. Ô Indra, que les Marouts que tu aimes et qui font ta gloire, t’accompagnent à notre fête. Transportés tous d’un même désir, ô Indra, buvez de ce soma par la langue d’Agni.

10. Adorable Indra, par la langue d’Agni, prends et la Swadhâ et toutes nos libations. Ô Sacra, accepte l’holocauste quête présente la main du prêtre et du sacrificateur.

11. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille, et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE VII.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Viens, (Indra), avec les (Marouts), tes fidèles auxiliaires ; accepte l’offrande que nous te présentons. Indra croît au milieu des libations ; il grandit par l’effet de nos œuvres pieuses, et obtient de la renommée.

2. Des libations, aux reflets étincelants, ont été préparées ; c’est par elles qu’Indra acquiert la puissance, la fécondité, la grandeur. Ô Indra, reçois nos prières. Bois de cette (liqueur) ardente que te verse notre coupe.

3. Bois et grandis. Ô Indra, c’est pour toi que sont répandues ces premières liqueurs. Comme tu buvais les antiques libations, bois aujourd’hui les nôtres, (dieu) digne de nos éloges et de nos hymnes.

4. Il est grand, il est victorieux. Enhardi par la louange, il se revêt pour le combat d’une force terrible et capable de tout réduire en poussière.

  1. L’auteur se sert du mot varna, qui signifie couleur. Nous avons vu ailleurs que les Dasyous ou Asouras, esprits de ténèbres, sont d’une couleur noire, crichna.
  2. Le commentateur entend cela des arbres qui servent au sacrifice, tels que le Khadira, le Pâlasa.
  3. La Swadhâ est une espèce d’offrande. On peut croire aussi que le poëte compare les présents d’Indra à ceux que les hommes peuvent lui faire, et traduire par cette idée : Apporte-nous notre Swadhâ. Le mot Swadhâ signifie vivres, nourriture.
  4. Dhânâh ; ce sont des pâtes d’orge frites.