Page:Langlois - Rig Véda.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

2. (Le poëte parle.) Le (dieu) ne m’a point laissé dans la peine (de l’attente). Il s’est montré avec splendeur et avec force. Par sa sagesse il a repoussé ses rapides ennemis ; par sa vitesse il a surpassé les vents.

3. Syéna (l’épervier) a du haut du ciel fait entendre sa voix ; le vol du sage (oiseau) a été reconnu, et l’archer Crisânou[1], allant à lui par la pensée, lui a lancé une de ses flèches.

4. Syéna (l’épervier), dans sa course rapide, emportait le soma, comme Indra faisait de Bhoudjyou[2], au-dessus des larges abîmes ; et l’aile du diligent oiseau traversait rapidement l’espace qui est (entre le ciel et la terre).

5. Que Maghavan, que l’héroïque Indra accepte ce vase plein d’une liqueur fortifiante, ces libations dans lesquelles est mêlé le lait blanc de la vache, ces offrandes brillantes ; qu’il prenne ce doux breuvage, et qu’il boive jusqu’à l’ivresse ; oui, qu’il boive jusqu’à l’ivresse.


HYMNE X.

À Indra et Soma, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Uni à toi, ô Soma, par une étroite amitié, Indra a fait couler les ondes en faveur de Manou. Il a frappé Ahi, déchaîné les sept torrents, ouvert les canaux fermés (par nos ennemis).

2. Uni à toi, Indra a brisé la roue de Soûrya[3] ; car sa force est irrésistible. Mais en même temps cette roue qui est lancée dans l’espace, et sur qui repose la vie de tous, a été sauvée de la destruction.

3. Indra a combattu depuis le matin, depuis le milieu du jour ; de ses traits il a tué, (de ses feux), tel qu’Agni, il a brûlé des milliers de Dasyous, qui pensaient de leurs forts inaccessibles se faire une retraite inexpugnable.

4. Tu as donc, ô Indra, abattu ces vils Dasyous ; tu as soumis au joug ces tribus impies. (Ô Indra et Soma), détruisez, anéantissez vos ennemis ; tombant sous vos armes, qu’ils livrent leurs dépouilles (à vos serviteurs).

5. (Dieux) magnifiques et terribles, Indra et Soma, si par votre force vous parvenez à nous rendre ces vaches, ces chevaux, ces trésors, ces terres que nous retiennent (nos ennemis), ce sera de votre part une œuvre juste et louable.


HYMNE XI.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Viens à notre secours, Indra ; sois heureux de nos louanges et de nos offrandes, et arrive avec tes chevaux. Le père de famille a préparé pour toi de nombreuses libations, (pour toi) qui aimes nos chants et qui es juste dans tes bienfaits.

2. Il vient à notre sacrifice, (ce dieu) sage, qui connaît nos besoins, et que nous invoquons en versant la libation. Traîné par d’excellents coursiers, exempt de crainte, il partage avec les Marouts à la voix retentissante et nos louanges et nos breuvages enivrants.

3. (Ô poëte), rends attentives les oreilles d’Indra ; qu’il prenne des forces, qu’il se livre à la joie dans cette région (sublime) où il se plaît. Que nos libations le fassent grandir pour notre bonheur, et que de sa puissance nous tenions l’abondance et la sécurité.

4. Il vient vers le sage qui le célèbre et l’invoque en l’appelant à son secours ; et, la foudre à la main, (placé) sur le siége de son char, il dirige lui-même ses cent mille coursiers.

5. Ô magnifique Indra, puissions-nous, prêtres et pères de famille, pour prix de nos chants, devenir tes amis et obtenir tes secours ! Puissions-nous jouir d’une opulence brillante, glorieuse, abondante !


HYMNE XII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Personne n’est plus grand, n’est plus haut que toi, ô Indra, vainqueur de Vritra. Personne ne te ressemble.

2. Tous les hommes sont pour ainsi dire

  1. Suivant le commentateur, c’est un gardien du soma (somapâla). Je pense que c’est Agni, qui porte le nom de Crisânou, et dont les rayons partent comme des flèches vers le ciel.
  2. Voy. page 109, col. 2, note 3.
  3. Voy. page 241, col. 1, note 1.