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[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

Que votre bienveillance nous accompagne. Exaucez nos prières. Donnez l’éveil à nos hymnes. Détruisez les ennemis du père de famille et de vos serviteurs.





LECTURE HUITIÈME.

HYMNE I.

À l’Aurore, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’à l’orient le grand astre, plein de lumière et de beauté, sorte du sein des ténèbres. Que les Aurores, brillantes filles du Ciel, fassent lever le genre (humain).

2. Que les magnifiques Aurores apparaissent à l’orient, comme les poteaux (sacrés) dans nos cérémonies. Pures et resplendissantes, qu’elles ouvrent, à leur lever, les portes du pâturage ténébreux.

3. Que les riches Aurores, en se levant aujourd’hui, éclairent les hommes pieux dans l’œuvre de leur libéralité (religieuse). Que les avares dorment, sans être éveillés, au sein des obscures ténèbres.

4. Divines et opulentes Aurores, puisse aujourd’hui vous satisfaire cet hymne perpétuel, ou le char (du sacrifice que nous attelons) pour vous, et sur lequel vous brillez avec éclat par les soins des Angiras aux sept bouches, (surnommés) Dasagwas et Navagwas[1] !

5. Avec vos coursiers, amis de nos sacrifices, vous parcourez rapidement les mondes, ô divines Aurores, éveillant pour le mouvement les bipèdes et les quadrupèdes endormis.

6. Qu’est devenue l’Aurore antique qui a reçu la première l’hommage des Ribhous ? Dans leur cours brillant et fortuné, les Aurores ne sauraient être distinguées.

7. Oui, sans doute, il fut jadis d’heureuses Aurores, fécondes en bienfaits et justement honorées par le sacrifice, dans lesquelles le pieux sacrificateur a reçu le prix de ses chants, de ses hymnes, de ses louanges.

8. Les Aurores accourent de l’orient toujours semblables à elles-mêmes, toujours répandant les mêmes biens, toujours célébrées comme les divines messagères du sacrifice et de l’assemblée (pieuse), comme les guides qui amènent les vaches (célestes)[2].

9. Elles vont donc, ces Aurores toujours pareilles, toujours ornées des mêmes couleurs, pures, vives, éclatantes et de leurs corps brillants voilant la noire immensité.

10. Lumineuses et divines filles du Ciel, donnez-nous une opulence accompagnée d’une heureuse famille. Éveillés par vous, que votre bienveillance nous rende les maîtres d’une forte puissance.

11. Filles du Ciel, brillantes Aurores, voilà les vœux que je vous adresse, moi, le héraut du sacrifice. Puissions-nous être glorieux au milieu des nations ! Que le Ciel, que la Terre divine nous accordent cette grâce !


HYMNE II.

À l’Aurore, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Guide fortuné et mère (féconde), la fille du Ciel se lève et apparaît à la place de sa sœur.

2. Belle, juste, brillante, l’Aurore (s’élance) telle qu’une cavale ; elle est la mère des vaches (célestes), et l’amie des Aswins.

3. Oui, tu es l’amie des Aswins. Oui, tu es la mère des vaches (célestes). Oui, Aurore, tu règnes sur la richesse.

4. Tu aimes les hymnes, et par nos chants nous t’éveillons pour avoir un appui contre nos ennemis.

5. Tes splendeurs fortunées apparaissent, et nous amènent les vaches (célestes). L’Aurore a rempli (le ciel) d’une vaste lumière.

6. Ô brillante Aurore, de tes voiles lumineux tu as couvert les ténèbres. Accepte notre offrande.

7. Ô Aurore, tu étends tes rayons sur le ciel. (Tu sèmes) dans les espaces de l’air où tu règnes tes lueurs étincelantes.


HYMNE III.

À Savitri, par Vamadéva.

(Mètre : Djagatî.)

1. Nous consacrons ce noble hommage au divin et sage Savitri, qui donne la vie[3]. Que ce

  1. Les Angiras sont les prêtres chargés des sacrifices, ou plutôt les Rites personnifiés. Dans l’hymne qui termine la lecture précédente, Vrihaspati est doué de sept bouches, comme ici les Angiras, à cause des sept mètres poétiques sur lesquels les hymnes sont composés, tchhandoyouktamoukhah. Pour les épithètes Dasagwa et Navagwa, voy. page 80, col. 1, note 6.
  2. Ces vaches, ce sont les rayons du jour.
  3. Asoura.