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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

5. Le cœur du lâche (Vritra) sentait bien que ce (Souchna) ne pouvait résister à la puissance d’Indra, quand lui-même, au lieu de combattre pour la possession d’un soma enivrant, se voyait forcé par toi, ô (dieu) puissant, de se renfermer dans son palais ténébreux.

6. Ainsi le brigand prenait des forces, s’endormant au sein de cette obscurité sans soleil. Le généreux Indra, joyeux de notre soma, l’a chassé de la région supérieure, et lui a donné la mort.

7. Quand Indra eut fait sentir au grand fils de Dânou sa force incomparable, quand il l’eut blessé d’un coup de sa foudre, il le précipita au-dessous de tout ce qui existe.

8. Le (dieu) terrible délie ce (corps) endormi, rempli d’une onde savoureuse et couvrant (le ciel) de sa large surface ; il s’en empare. De son grand trait il frappe dans sa demeure même (le monstre), privé de pieds et poussant de vaines clameurs.

9. Qui peut résister à la force éclatante (d’Indra) ? Unique et incomparable, il s’empare de tous les biens. (Le Ciel et la Terre) eux-mêmes, tout dieux qu’ils sont, ne marchent que par la crainte que leur inspire sa puissance victorieuse.

10. Pieuse Dévî[1], Gâtou, telle qu’une (épouse) remplie d’amour, vient humblement devant Indra, quand il communique sa force à ce (peuple). Que les mortels honorent le magnifique (Indra) !

11. Je t’entends célébrer, au milieu des nations, comme (dieu) unique, seigneur des (hommes) pieux, plein de gloire et né pour le bonheur des cinq espèces d’êtres[2]. Mes chants bénissent nuit et jour l’adorable Indra ; c’est lui qu’ils ont choisi pour sujet (de leurs louanges).

12. J’entends dire que tu agis avec justice, et accordes tes bienfaits aux sages. Ces prêtres tes amis, qu’ont-ils reçu de toi, ô Indra, eux qui t’ont donné les présents que tu pouvais désirer ?





LECTURE DEUXIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Samvarana, fils de Pradjapati.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Faible que je suis, je voudrais faire un brillant éloge du grand et robuste Indra, qui donne la force aux hommes ; qui vient au milieu du peuple, et, pour prix de ses louanges, au moment du combat, lui assure sa protection.

2. Oui, pour prix de nos hymnes, tu veux nous protéger, (dieu) libéral. Attelle donc tes coursiers, ô Maghawan ; viens et apporte-nous le bonheur. Donne-nous la victoire sur nos ennemis.

3. Ô noble Indra, ils ne sont pas à toi, ceux que leur impiété a séparés de nous. Ô dieu, dont la main porte la foudre, dont les coursiers ont tant de renommée, monte sur ton char, et dirige toi-même les rênes.

4. Ô Indra, quand les hymnes sont prodigués à ta louange, alors tu vas combattre, et fendre la vache (céleste) pour arroser les plaines. Guerrier généreux, tu as, en faveur de Soûrya, et dans sa propre demeure, forcé à la soumission l’ennemi (des dieux).

5. Nous sommes à toi, ô Indra, nous et ces prêtres qui engendrent la Force. Les chars du (sacrifice) arrivent. Ô (dieu), dont la mort d’Ahi a prouvé la vigueur, qu’il en vienne un vers nous, (et c’est le tien), beau comme Bhaga, puissant, et chargé d’offrandes.

6. Ô Indra, en toi réside une force adorable, une abondance (merveilleuse). Immortel habitant des airs[3], fais notre fortune, et donne-nous une brillante opulence, pour que nous puissions célébrer les bienfaits d’un maître magnifique.

7. Ô vaillant Indra, conserve par tes secours les chantres qui te glorifient, et, au moment du combat, enivre-toi de ce doux et beau soma, qui peut servir de boucher.

8. Que ces coursiers ornés d’or, que m’a donnés le généreux Trasadasyou, fils de Pouroucoutsa, que les dix chevaux blancs du fils de Girikchita me transportent à l’assemblée du sacrifice.

9. J’ai aussi reçu de Vidatha, fils de Mâroutâswa[4], de forts et magnifiques (coursiers), distingués par leur couleur rouge. J’avais répondu à son appel ; il m’a donné des milliers de parures, il a voulu que je fusse orné comme un seigneur.

10. Qu’on attelle aussi à mon char les beaux et brillants coursiers de Dwanya, fils de Lakchmana. Que les richesses viennent avec grandeur vers le Richi Samvarana, comme les vaches viennent au pâturage.

  1. Féminin du mot Déva.
  2. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  3. Le texte dit dansant (nritamânah).
  4. J’ai regardé Mâroutâswa comme un nom patronymique plutôt que comme une épithète. Le commentaire traduit ce mot par cette idée : possesseur des chevaux aussi légers que le vent.