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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

7. Les nuages fendus (par les Marouts) et cédant leurs ondes qui traversent l’air, ressemblent à autant de vaches (fécondes). Les torrents qui s’échappent de différents côtés prennent leur course, tels que des coursiers rapides.

8. Venez, ô Marouts, du ciel, de l’air, de ce monde même. Ne restez pas loin de nous.

9. Que la Rasâ[1], l’Anitabhâ, la Coubhâ, la Cramou ne (vous arrêtent) point. Ne vous laissez pas retenir par le Sindhou. Que la Sarayou ne vous enveloppe pas de ses ondes. Nous attendons de vous notre bonheur.

10. Des pluies, ô Marouts, accompagnent, dans sa course brillante et rapide, votre puissante famille quand on la célèbre par des hymnes.

11. Accompagnons donc aussi par nos prières et par nos chants les diverses tribus[2] de cette famille vigoureuse.

12. Vers quel seigneur, distingué pour ses holocaustes, les Marouts ont-ils en ce jour dirigé leur char ?

13. Donnez-nous, et accordez aussi à nos enfants et à nos petits-enfants, des moissons abondantes ; car nous vous demandons des biens qui puissent être durables et prospères.

14. Puissions-nous vaincre nos ennemis, et par vos bénédictions triompher du mal ! Que des pluies heureuses nous procurent, ô Marouts, tous les biens que nous devons attendre des eaux, de la vache, des plantes !

15. Il est aimé des Dieux, il est grand et entouré d’une forte famille, ô nobles Marouts, le mortel que vous protégez. Puissions-nous obtenir ce bonheur !

16. Loue donc (ces dieux) bienfaiteurs du (père de famille) qui les honore. Qu’ils se plaisent dans nos sacrifices, comme les vaches dans le pâturage. Invoque-les comme de vieux amis, et chante en leur honneur ces hymnes dont ils sont avides.


HYMNE VIII.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Prépare une prière en l’honneur de cette brillante famille des Marouts, qui agite les montagnes (célestes). Présente de riches offrandes à ces (dieux) qui viennent dans le ciel mettre un terme à la chaleur, qui exaucent les vœux du sacrificateur, et amènent une brillante abondance.

2. Votre force, ô Marouts, assemble les Ondes, et fait croître nos moissons. Attelant (à vos chars) vos coursiers rapides, vous vous répandez (dans le ciel). Le (dieu, appelé) Trita[3] s’unit à l’éclair ; il résonne. Les Eaux répondent à ce bruit, et tombent de tout côté sur la terre.

3. Les Marouts, héros entourés d’éclat, brillent des feux de l’éclair, poussent les montagnes (célestes), et agitent leurs traits pénétrants. Pour nous envoyer l’eau, ils lancent avec bruit le tonnerre, (dieux) rapides et robustes.

4. Fils puissants de Roudra, et le jour et la nuit, vous agitez l’air et les mondes (célestes). Vous tourmentez les nuages comme des vaisseaux : vous ébranlez même les citadelles. Vous seuls, ô Marouts, n’éprouvez aucun mal[4].

5. Ô Marouts, votre force a étendu votre gloire, aussi loin que le Soleil (pousse) ses rayons. Quand vous attaquez le nuage alourdi, vous ressemblez à des coursiers dont l’élan est invincible.

6. Ô sages Marouts, votre puissance éclate lorsque vous secouez le nuage, comme on secoue un arbre. (Venez) partager nos plaisirs, et, dans la route où marche notre bienfaiteur, soyez pour lui comme un œil (clairvoyant) : conduisez-le heureusement.

7. Le Richi ou le roi que vous protégez ne saurait être vaincu ni tué ; il n’a ni chagrin, ni blessure, ni mort à craindre. Ses richesses et sa puissance se trouvent à l’abri.

8. Pressant leurs coursiers et maîtres des ondes, les Marouts, tels que des héros vainqueurs des nations, tels que des Aryamans[5], remplissent, avec bruit, les sources de notre abondance,

  1. La Rasâ est une rivière dont il a été question page 110. J’ai pensé devoir regarder aussi comme des noms propres les mots qui suivent, et que le commentaire ne prend, ce me semble, que pour des épithètes. Le Sindhou est l’Indus, et la Sarayou est le Sarju. Plus haut, hymne vi, distique 7, le poëte représente les Marouts comme occupés à former et à grossir les rivières : c’est du moins le sens que j’ai donné aux mots, Vridjané nadînâm. Il m’a paru qu’il rappelle ici cette disposition des Marouts, qui les retient auprès des ondes, dont ils aiment à précipiter les flots.
  2. On se rappelle que l’aire des vents chez les Indiens est composée de sept parties, lesquelles se subdivisent en sept autres. En tout quarante-neuf divisions. Voyez page 290, col. 2, note 2.
  3. Nom d’Agni. Voy. page 74, col. 1, note 4.
  4. Le commentaire entend cette dernière phrase autrement : Ô Marouts, vous ne faites point de mal (à vos serviteurs).
  5. Nom du soleil ; Aryaman est un Aditya.