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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

toi quand il attaque et terrasse (son adversaire), (force) terrible quand il s’agit d’inspirer la terreur, vigoureuse quand il faut développer de la vigueur, invincible quand il est question de vaincre un ennemi.

5. Que ton antique amitié pour nous subsiste toujours, (telle qu’autrefois) quand les Angiras chantaient : « Ô (dieu) qui ébranles ce qui est inébranlable, frappe Bala, qui s’empare des Ondes ; ouvre toutes les portes de sa ville (céleste). »

6. Il a mérité d’être invoqué dans nos prières, ce (dieu) terrible et puissant, qui poursuit la grande œuvre de la mort de Vritra. Il porte la foudre dans les combats ; et si nous voulons une nombreuse famille, c’est toujours lui qu’il faut invoquer.

7. Avec cette force immortelle, qui courbe (toute résistance), il protége la race des enfants de Manou. Il s’élève au-dessus de tout, et il habite constamment avec la grandeur, la richesse, la vigueur et la puissance.

8. Indra, plein de raison et de droiture, se distingue par sa sagesse. Il a frappé Tchoumouri, Dhouni, Piprou, Sambara, Souchna[1] ; il a ébranlé et détruit leurs villes.

9. Avec ton tonnerre, que vantent nos louanges, et qui s’élance pour déchirer (ton ennemi), monte sur ton char, ô Indra, et va combattre Vritra. Prends ta foudre dans ta main droite ; ô (dieu) bienfaiteur, détruis la magie (des Asouras).

10. Ô Indra, de même que le feu brûle le bois sec, ainsi (brûle et) anéantis le Rakchasa. Avec son arme terrible, grande, pénétrante, le (dieu) brise, retentit, et dompte les impies.

11. Ô généreux Indra, ô enfant de la Force, viens à nous par mille voies, avec la richesse et l’abondance. Ô dieu partout invoqué, l’impie peut-il prévaloir sur toi, quand tu fends (la nue) ?

12. La grandeur de ce (dieu) libéral, fort, victorieux brille au ciel et sur la terre. Il n’a point d’ennemi qui lui soit égal, qui lui soit supérieur. Il possède toute force, toute sagesse.

13. Fais aujourd’hui pour (ton serviteur) ici présent ce que tu as fait pour Goutsa, pour Ayou, pour Atithigwa. Tu as donné tous les trésors (de Sambara) conquis par ta foudre, et tu les as sur la terre apportés à Toûrvayâna[2].

14. Ô dieu le plus sage d’entre les sages, tous les Dévas te célèbrent avec transport pour ta victoire remportée sur Vritra, quand, pour prix de leurs hymnes, tu envoies la richesse (de la pluie) à la race souffrante de tes serviteurs.

15. Ô Indra, le Ciel et la Terre et tous les dieux immortels reconnaissent ta puissance. Ô (dieu)[3] accoutumé à créer (des choses admirables), fais ce que tu n’as pas encore fait. Mérite de notre part et des sacrifices et un hymne nouveau.


HYMNE III.
À Indra, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le grand Indra, tel qu’un seigneur (magnifique), remplit (les vœux) des mortels ; placé entre deux mondes[4], doué de forces inaltérables, il vient à nous, et croît pour la puissance ; (son corps) s’élargit, (ses nobles facultés) grandissent, à mesure que les ministres (du sacrifice) l’honorent.

2. Que la Prière s’adresse au grand et superbe Indra, immortel et armé d’une force invincible. (Indra) est toujours jeune : à peine est-il né, que déjà il apparaît dans toute sa grandeur.

3. Viens à nous, et fais que tes larges bras, puissants, généreux, nous donnent l’abondance. De même que le pasteur défend son troupeau, de même, ô clément[5] Indra, défends-nous dans le combat.

4. En votre faveur, et les offrandes à la main, nous invoquons ici cet Indra vainqueur avec ses puissants (auxiliaires) ; et puissions-nous être aussi heureux, aussi respectés, aussi irréprochables que les chantres antiques !

5. (Indra), exalté par notre soma, est bienfaisant, généreux. Il est le dispensateur d’une abondance fortunée. Que les hymnes et les offrandes se rendent vers lui, comme les fleuves coulent à la mer.

6. Héros victorieux, apporte-nous ce qu’il y a de plus fort, ce qu’il y a de plus brillant (sur la

  1. Noms d’Asouras déjà connus.
  2. Le commentaire pense que Toûrvayâna est le même que Divodâsa.
  3. Ce passage pourrait aussi bien se rapporter au poëte. La traduction peut être modifiée dans ce sens.
  4. Comment Indra, le plus élevé des dieux, et par conséquent des éléments, peut-il avoir l’épithète de Dwibarhâs (placé entre deux autres) ? Il faut supposer que le poëte considère Indra comme placé entre le ciel et la terre. Voy. page 85, col. 2, note 1.
  5. Damoûnas, épithète donnée ordinairement à Agni, et que le commentaire rend ici par dântamanas.